Valéry Beaud: «Le débat d’idées oui, mais dans le respect!»

  • Agé de 39 ans, Valéry Beaud a été élu président du conseil communal le 12 juin dernier.
  • Ingénieur de formation, père de famille et responsable associatif, l’élu Vert siège au conseil communal depuis 7 ans.
  • Entretien avec ce passionné de mobilité et d’environnement que certains voient déjà comme un futur... municipal.

  • Valéry Beaud, de l’engagement associatif à la présidence du conseil communal lausannois. CA

    Valéry Beaud, de l’engagement associatif à la présidence du conseil communal lausannois. CA

«Les débats au conseil ont trop tendance à traîner en longueur»

Vous prenez les rênes du conseil communal. Dans quel état d’esprit êtes-vous?

Tout à fait serein! C’est une forte responsabilité, mais qui ne me fait pas peur. L’enjeu pour moi, c’est de pouvoir me libérer du temps, en tenant compte de ma vie de famille, mes activités associatives et ma vie professionnelle. Mais le fait de ne plus pouvoir assister aux commissions ou intervenir en plénum va m’en libérer, même si cela va assurément me manquer.

Comment concevez-vous votre rôle de président?

Il ne faut pas surestimer ce rôle, car la marge de manœuvre du président est assez limitée. Il y a un rôle institutionnel de représentation et de direction des débats du conseil. C’est dans ce volet que réside pour moi l’enjeu, parce que les débats ont tendance à traîner en longueur. On est aussi trop gentils avec le caractère véritablement urgent de certaines interpellations...

Cela pose-t-il un problème au fonctionnement du conseil?

Oui, car si on continue au même rythme que depuis le début de cette législature, il faudra 17 soirées pour épuiser l’ordre du jour actuel, en tenant compte du fait qu’une année comprend à peine 22 à 23 séances... Et cela n’est pas près de cesser, car cette législature voit déposer en moyenne chaque année 42 objets de plus à traiter, ce qui va encore plus alourdir les retards. Je vais donc rencontrer les présidents de groupe dès cette rentrée pour voir comment on peut améliorer cela.

Vous siégez au conseil communal depuis 7 ans. Est-ce un avantage?

Oui, car cela donne une connaissance des élus et des mécanismes.

Qu’est ce qui vous a le plus agacé durant toutes ces années?

Peu de choses hors de la durée excessive de certains débats un peu redondants. J’aime par ailleurs le débat d’idées, mais à condition qu’il s’exprime dans le respect des personnes. Je serai très attentif à cette dimension car les attaques personnelles n’ont rien à faire dans un conseil communal.

Lausanne change et se développe. Quel sera selon vous le principal enjeu pour la ville dans les années à venir?

Sans aucun doute, accompagner le phénomène de densification pour améliorer la qualité de vie des habitants. La requalification de l’espace public qui est en cours va amener plus de convivialité et les Lausannois auront plus de plaisir à se réapproprier leur ville. Sans compter les retombées en termes d’attractivité pour les commerces.

En parlant d’attractivité, que pensez-vous de la polémique autour du deal de rue?

Tout le monde est conscient du problème et tout le monde sait bien en réalité qu’il n’y a pas de solution miracle. Il faut travailler ensemble, tester des choses pour trouver des solutions et cela prend du temps. En ce qui concerne la polémique, nous sommes en plein milieu de la législature, alors chaque parti essaye d’exister. C’est de bonne guerre.

Vous êtes conseiller communal depuis 2011. D’où vient votre engagement politique?

Sans conteste, de mon engagement associatif. Je suis né à Lausanne, j’ai grandi à Lausanne et j’ai toujours voulu m’impliquer pour ma ville. Je me suis donc très tôt engagé dans des associations qui couvrent mes domaines de prédilection: qualité de vie, urbanisme et mobilité durable. L’engagement politique est venu tout naturellement dans la foulée et quand on m’a proposé d’être candidat en 2011, j’ai dit “pourquoi pas?”.

Vous avez l’air d’un naturel calme et placide. Vous ne vous énervez jamais?

Non, il n’y a que mes jeunes enfants qui réussissent parfois à me faire perdre patience (rires). Mais je suis conscient qu’à la présidence du conseil communal, il me faudra aussi parfois faire preuve de beaucoup de patience!

Vous avez un agenda très chargé. Comment décompressez- vous?

En lisant, une fois que les enfants sont couchés, les divers rapports, études et préavis (rires). La vie associative et politique, c’est finalement devenu mon principal hobby!

La précédente Verte à avoir présidé le conseil communal est devenue Municipale. Avec le départ annoncé de Jean-Yves Pidoux, une place va prochainement se libérer à la Municipalité... Vous vous voyez siéger à l’exécutif?

C’est une question qui m’est régulièrement posée et apparemment beaucoup de monde me voit comme Municipal (rires)! Je n’ai pas de plan de carrière - jamais je n’aurais pensé présider le conseil communal - mais je sais que je dois y réfléchir sérieusement. Pour moi, ce qui compte c’est de défendre mes valeurs avec passion aux fonctions auxquelles je me trouve. Aujourd’hui c’est vrai qu’une porte s’entrouvre. Il faudra donc prendre le temps de la réflexion, et une décision sera prise le temps venu.

Propos recueillis par Charaf Abdessemed