La part du génie helvétique

On dit souvent qu’en Suisse rien ne bouge. Que tout est lent, notamment du point de vue politique. Au-delà des stéréotypes, avouons qu’il y a du vrai dans tout cela. Le système de démocratie directe qui gère nos destinées emprunte souvent des chemins de traverse avant d’arriver à bon port, mais il permet aussi de régler des problèmes qui, sous d’autres latitudes, n’auraient pu être résolus sans violence. Prenez la Question jurassienne. Qu’elle fut longue et chaotique la voie institutionnelle qui a permis d’abord au Canton du Jura d’exister, puis à la ville de Moutier de finalement le rejoindre. Un vote et un résultat indiscutables et logiques, car il aurait été singulier qu’une ville portée depuis 35 ans par les autonomistes renonce à intégrer la Maison jurassienne, dont elle a été tenue à l’écart lors des sous-plébiscites des années septante. Le choix historique opéré dimanche dernier dans la cité prévôtoise met fin à la Question jurassienne. Il démontre que, somme toute, il y a certes de la lenteur dans le processus politique suisse, mais aussi une part de génie.