Sauver les animaux...

Pour Jean-Marie Fleury, éditeur de Lausanne Cités, le respect de la vie animale ne doit pas conduire à oublier la valeur de la vie humaine...

Sauvons les animaux, oui, mais pas n’importe comment et pas à n’importe quel prix. J’ai entendu au téléjournal de la télévision romande qu’une femelle eider à duvet a niché sur une bande de sable dans la réserve naturelle des Grangettes, près de Villeneuve. Résultat: deux mignons canetons sont nés et s’ébattent désormais en compagnie de leur maman cane sur notre beau Léman. C’est une belle image pleine de poésie et de romantisme qui ferait fondre les cœurs les plus durs.

Les gardes-faune vaudois qui ont découvert cette nidification ont craint que la possible montée ou variation des eaux du lac ne perturbe l’éclosion de la couvée et ne fasse avorter cet évènement exceptionnel. Pour éviter un tel scénario, ils ont demandé aux responsables des eaux des cantons de Vaud et de Genève de maintenir bas le niveau du lac pour que le minuscule îlot où nichait ce canard ne soit pas inondé. Les services cantonaux ont donc déployé les grands moyens pour préserver deux canetons totalement étrangers à notre pays puisque l’eider à duvet est un canard marin originaire de la Baltique qui n’a en fait rien à faire chez nous. On aura probablement dépensé beaucoup d’argent et de temps pour cette opération de sauvetage insolite. C’est très bien, bravo! Il faut sauver les animaux, c’est une évidence pour chacun d’entre nous.

Mais, je ne peux m’empêcher de faire le parallèle avec cette multitude d’enfants et d’adolescents qui embarquent en Afrique et qui, quand ils ne meurent pas en route, viennent s’échouer sur le continent européen, là où, au contraire des petits canetons, les autorités ne mettent pas en route tous les moyens adéquats pour sauver la vie de ces milliers de pauvres malheureux qui crèvent pour tenter de venir chez nous.

C’est facile je sais! Mais quand je vois les efforts consentis pour sauver deux canetons, et constatant l’attitude toujours plus excessive des gens envers les animaux, je suis gêné, mal à l’aise envers les humains que nous sommes.