Gouverner, c’est prévoir, l'éditorial de Fabio Bonavita

Pour ne pas avoir à regretter notre souveraineté énergétique déjà fragile, la Suisse doit mettre un terme immédiat à sa sortie programmée du nucléaire.

L’énergie est le sang de nos économies mondialisées, la guerre en Ukraine nous le rappelle avec un terrible cynisme. A cause de sa dénucléarisation galopante, l’Allemagne s’est retrouvée terriblement empruntée pour valider les sanctions économiques voulues par l’Union européenne. Le chancelier Olaf Scholz l’a avoué à demi-mot, son pays est dépendant du gaz et du charbon russe. Un talon d’Achille qui place Berlin dans une situation des plus délicates. La faute à la gestion émotionnelle de l’accident nucléaire de Fukushima par sa prédécesseuse Angela Merkel.

Pour ne pas avoir à regretter notre souveraineté énergétique déjà fragile, la Suisse doit mettre un terme immédiat à sa sortie programmée du nucléaire. D’autant que le vent est en train de tourner, des écologistes réputés comme Yann Arthus-Bertrand (lire en page 9) affichent désormais clairement leur soutien à l’atome. Rappelant au passage l’explosion de nos besoins en électricité et l’intermittence des énergies renouvelables.

Ceux qui combattent bec et ongles cette évidence feraient bien de se rappeler que, comme le dit l’adage, «gouverner, c’est prévoir». Et ne rien prévoir, c’est prendre le risque inutile de perdre notre souveraineté énergétique. Alors évidemment, aucun conflit armé ne menace notre pays, mais dans un monde qui voit les tensions de tous types se multiplier à une vitesse inquiétante, il serait de bon ton de ne pas céder aux sirènes d’une utopie naïve où le solaire et l’éolien suffiraient à répondre à notre consommation. Notre modèle de société doit plus que jamais viser le meilleur équilibre entre écologie et stratégie énergétique, aujourd’hui comme demain…