Un dernier gargarisme, l'éditorial de Fabio Bonavita

Un bilan cantonal de législature s’apparente à un reflet équilibré des réussites et des échecs d’un gouvernement. Par conséquent, chaque citoyen est en droit de s’attendre à un minimum d’autocritique, de modestie aussi, bref tout ce qui devrait faire partie d’un exercice salutaire du pouvoir. A lire le bilan de législature 2017-2022 du Conseil d’Etat vaudois (lire en page 3), il n’en est rien.

Selon ce dernier, le Canton sort «renforcé malgré la crise du Covid-19», ses finances sont «saines et solides». C’est aller un peu vite en besogne et oublier tous les secteurs économiques qui sont encore à genoux après la levée de la plupart des mesures sanitaires. La restauration, l’hôtellerie, les petits commerces ou encore le tourisme pour ne citer que les plus durement touchés. C’est aussi ignorer qu’un nombre croissant de communes vaudoises doivent faire face à un endettement galopant. Pour éviter des coupes trop importantes dans leur budget empêchant la réalisation d’infrastructures essentielles à leurs concitoyens, elles sont toujours plus nombreuses à demander une nouvelle péréquation, même si cette dernière se fait toujours attendre.

Que dire également de la fracture sociale au sein de la population, de la méfiance croissante envers les institutions, des clivages autour de la mobilité ou encore des relations qui se tendent entre les villes et la campagne. Il ne s’agit pas ici de noircir le tableau, mais simplement de rappeler que se gargariser d’optimisme n’aide pas à oublier tous les chantiers qui attendent le futur gouvernement vaudois. Le départ annoncé de trois de ses membres devrait lui permettre de retrouver un nouveau souffle essentiel en ces temps incertains.