La vidéo des porcheries divise les foules

ÉLEVAGE • La vidéo publiée le 6 septembre par la Fondation Mart montrant les conditions de vie de cochons dans trois porcheries vaudoises (Echallens, Peney-le-Jorat et Ropraz) suscite des avis très différents.

  • Capture d’écran de la vidéo diffusée par la Fondation Mart. DR

    Capture d’écran de la vidéo diffusée par la Fondation Mart. DR

La vidéo mise en ligne par la Fondation MART dédiée à la défense des animaux a fait le tour du web: des cochons, malades ou blessés, à l’étroit dans des porcheries sombres, avec pour tout horizon quatre murs et un sol en béton. Le tout en plein Gros-de- Vaud!

Elle a en tous cas choqué, alors même que cette affaire n’est pas la première à remettre en question la gestion de l’exploitant des porcheries Willy Annen. À Echallens, le syndic Jean-Paul Nicoulin avoue que la commune avait déjà demandé à deux reprises aux services cantonaux de procéder à un contrôle de la porcherie. «Sans avoir vu l’intérieur, mais uniquement sur la base de l’aspect extérieur, qui nous semblait négligé.» Mais les services de l’État n’ont jamais conclu à une infraction. Et en 1996 déjà, l’ACUSA (Association contre les usines d’animaux) avait porté plainte contre M. Annen, selon un article paru dans le journal de l’association en 1998.

Porcherie déjà contrôlée

Pourtant, le syndic ne dramatise pas. «Je ne dis pas qu’il ne se passe rien, mais il faut relativiser ce genre de choses.» Très occupé, il ne se prononcera pas davantage sur ce cas. À Peney-le-Jorat, la syndique Line Gavillet trouve qu’il est «très facile de faire dire n’importe quoi aux images.» Malgré tout, après avoir visionné la vidéo, elle avoue que «M. Annen a peut-être un peu surchargé le nombre de cochons. Mais nous voyons qu’ils sont en fin d’accroissement, c’est normal qu’ils prennent de la place. Sur les images, la porcherie de Peney me semble être la mieux entretenue.»

Marc-Antoine Bigler, président de la société de laiterie de Peney-le-Jorat, à qui l’entreprise Annen loue la porcherie, explique que l’exploitant avait déjà dû baisser d’un tiers l’effectif dans chaque box il y a dix ans et qu’il devra réitérer en 2018. Ce qui le choque pourtant, c’est le manque de respect des personnes qui se sont introduites pour prendre des images.

Malheureux, mais légal

Mais alors, ces images sont-elles vraiment «normales»? Pour Cesare Schiarra, directeur du service de contrôle de la Protection Suisse des Animaux (PSA), ces images sont plutôt habituelles dans les fermes conventionnelles et si la loi est respectée, il n’y aucune possibilité de pénaliser. «C’est malheureux, mais c’est légal.» Et de nuancer: «s’il n’y a vraiment pas de lumière du jour dans la porcherie évoquée dans la vidéo, le vétérinaire cantonal devrait pouvoir faire quelque chose.»

Quoiqu’il en soit, Cesare Sciarra considère que la loi actuelle ne va pas assez loin en comparaison de ce qu’il est possible de faire. « Les conditions sont vraiment différentes dans les fermes labellisées. Leurs exigences sont plus strictes, et permettent d’observer une nette différence dans le comportement des animaux.»

Première conséquence en tout cas: les boucheries labellisées de Migros et Coop, Micarna et Bell ont annoncé ce samedi avoir suspendu leur contrat avec l’une des porcheries sous enquête.