Un quartier autonome émerge à Thierrens

MONTANAIRE • Un quartier entièrement indépendant énergétiquement est en train de voir le jour à Thierrens.

  •  Marc Pionzo qui a imaginé le projet.  MISSON

    Marc Pionzo qui a imaginé le projet. MISSON

Les prémices de ce projet un peu fou remontent au milieu de l’année 2014, alors que Marc Ponzio, habitant du village et directeur général du bureau d’ingénieurs Ponzio Etudes Sanitaires, se met à la recherche de nouveaux locaux pour son bureau d’ingénieurs. Pas vraiment fan des locaux conventionnels, il se met à penser à un projet qui prend petit à petit la forme d’un quartier entièrement autonome en matière d’énergie, sur un terrain dont il est le propriétaire.

Entièrement autonome

Tout le quartier est conçu comme une centrale de production solaire, thermique et électrique. Tous les besoins en chauffage et eau chaude, compris dans les prix de location et d’achat, sont couverts par un réservoir extérieur de 85’000 litres, qui s’érige comme le symbole du quartier. L’eau de pluie sera récupérée et l’eau des ménages également réutilisée.

Ce quartier sera par ailleurs le premier projet au monde à utiliser une nouvelle génération de panneaux solaires hybrides, permettant à la fois de produire électricité et chaleur. Des bornes de recharge pour véhicules électriques sont également prévues.

Mais il faut s’entendre sur le terme d’ «éco-quartier». Si Marc Ponzio a la satisfaction d’avoir mis sur pied un projet «écologique du début à la fin», le concept de Thierrens ne correspond pas à la définition de l’éco-quartier proposée par exemple par l’Association vaudoise écoquartier. Cette dernière définit l’éco-quartier comme un lotissement aux exigences élevées, non seulement dans le domaine environnemental (matériaux utilisés, énergie, gestion des eaux ou biodiversité) mais aussi dans le domaine social (mixités générationnelle, sociale et culturelle, vie de quartier, espaces verts) ainsi qu’économique (services, commerces ou agriculture de proximité) .

«L’intérêt du projet est clairement énergétique et écologique, ce qui doit être salué. Mais la situation géographique est par contre très problématique concernant la mobilité, et le quartier ne prend pas, ou peu, en compte les autres composantes inhérentes à ce que j’appelle éco-quartier», affirme Valéry Beaud, co-président de l’Association.

Engagement éthique

Cela le pousse à dire que l’utilisation de ce terme dans le cadre du projet de Thierrens serait «abusive».

D’ailleurs Marc Ponzio l’avoue: «Je ne sais pas ce que les autres éco-quartiers ont «d’éco» lorsqu’ils font venir leur sanitaires de Turquie… Peut-être devrions-nous nous appeler quartier autonome plutôt qu’éco-quartier?»

Car pour lui, la philosophie du quartier réside en effet entièrement dans l’indépendance énergétique: un véritable engagement éthique auquel les habitants doivent aussi adhérer. Pour l’instant, deux appartements sur quinze sont vendus, et six autres en discussion. Les propriétaires et locataires y emménageront dès mai 2017.