Aider les Rohingyas qui ont fui!

  • Nadia Boehlen,  porte-parole d’Amnesty International Suisse dr

    Nadia Boehlen, porte-parole d’Amnesty International Suisse dr

Aider les Rohingyas qui ont fui!

Au mois d’août 2017, l’armée du Myanmar a lancé une opération militaire contre la population civile rohingya dans le nord de l’Etat d’Arakan, après qu’un groupe armé rohingya a attaqué des postes de sécurité. Les militaires se sont livrés à un nettoyage ethnique de grande ampleur. Ils ont commis des meurtres généralisés, ont violé les femmes et les filles, déporté en masse les habitants et incendié des villages. Près de 700’000 Rohingyas qui fuyaient ces exactions sont arrivés au Bangladesh depuis l’été dernier. Des chercheurs d’Amnesty International ont parlé avec des Rohingyas qui ont atteint le Bangladesh ces dernières semaines. Sur la base de ces témoignages, ils peuvent affirmer que le nettoyage ethnique se poursuit au Myanmar, et que les Rohingyas y subissent de surcroît une famine forcée qui vise à les chasser du pays. 

Les gouvernements du Bangladesh et du Myanmar ont signé un accord de rapatriement des Rohingyas fin novembre 2017. Le gouvernement du Bangladesh a retardé l’exécution de ce plan, que le Myanmar continue à se déclarer prêt à mettre en œuvre. Etant donné les exactions dont sont victimes les Rohingyas au Myanmar, les rapatriements sont terriblement prématurés. Dans l’immédiat, il est crucial d’assurer une aide humanitaire pour les centaines de milliers d’hommes, femmes et enfants qui vivent dans des camps au Bangladesh depuis l’été dernier. En ce sens, il faut saluer la décision du Conseiller fédéral Alain Berset d’augmenter l’aide financière de la Suisse pour gérer la crise humanitaire au Bangladesh, la faisant passer de 8 à 20 millions de francs. La Suisse peut aussi pousser la communauté internationale à faire pression sur l’armée du Myanmar pour qu’elle cesse le nettoyage ethnique et pour qu’elle permette l’acheminement immédiat de l’aide humanitaire dans l’Etat d’Arakan.