Tribune libre: "Combats syndicaux en temps de pandémie"

Pour Pierre-Yves Maillard, ancien conseiller d'Etat vaudois et actuel patron de l'Union syndicale suisse, la loi sur les épidémies devra impérativement être changée pour qu’à l’avenir l’Etat puisse indemniser complètement et immédiatement les personnes qu’il empêche de travailler au nom de la santé de tous.

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Juste avant le lockdown de mars 2020, les offices fédéraux pensaient que la réduction de l’horaire de travail suffirait à amortir le choc. En complément, 30 millions d’aide étaient envisagés… «Cela ne va pas suffire», avons-nous dit. Et nous avons demandé la création d’une perte de gain pour les indépendants, un remboursement à 100% pour les salariés mis au chômage technique qui gagnent peu et des simplifications administratives.

La perte de gain a été créée et les formalités du chômage partiel assouplies, mais il a fallu des mois pour obtenir un meilleur dédommagement pour les très bas salaires. Les prêts Covid ont fonctionné, mais il a fallu trop de temps pour que la couverture des charges fixes de ceux qui doivent fermer leur établissement trouve une réponse partielle.

Ces lenteurs montrent qu’il faudra changer la loi sur les épidémies pour qu’à l’avenir l’Etat indemnise complètement et immédiatement les personnes qu’il empêche de travailler au nom de la santé de tous.

Bientôt, il faudra relancer les secteurs sinistrés, qui dépendent surtout de la consommation intérieure. Il est possible d’y injecter 5 milliards de francs sans s’endetter, en remboursant à chaque adulte et chaque enfant les 500 francs de primes maladie payées en trop. Il faudra prolonger les durées d’indemnisation du chômage. Et nous devrons réaffecter des moyens pour renforcer toute la première ligne dans le secteur de la santé. Nous avons vu que si elle est trop fragile, l’ensemble de la société peut être mis à l’arrêt pour éviter qu’elle ne soit débordée en cas de crise. Il en faudra des forces et de la solidarité pour réparer notre société. Mais la vie, la jeunesse, le monde du travail ont des ressources. On y arrivera.