Un nom rassembleur pour les futurs musées!

  • Julien Sansonnens, député de La Gauche

    Julien Sansonnens, député de La Gauche

S’il faut s’enthousiasmer pour les nouveaux musées en construction à la gare, le nom qui a été retenu, «Plateforme 10», ne rend pas hommage à l’envergure et à l’importance de ce beau projet. Cette dénomination, qui est loin de faire l’unanimité au sein de la population, pose deux problèmes de nature différente.

Le premier enjeu est d’ordre symbolique. Le choix d’un nom n’est pas anodin: nommer, c’est créer, c’est aussi déjà donner une direction, une orientation. Or, la première chose que l’on peut constater, c’est que le terme de «musée» n’apparaît plus. C’est un choix assumé: au sein de certains milieux, le terme de musée renverrait à un concept dépassé, poussiéreux et désuet. On s’ennuierait dans un musée. L’idée consiste donc à faire un musée, mais en quelque sorte sans trop le dire, histoire de ne pas effrayer les gens. Nous nous préparons à construire un musée qui ne s’assume pas! Il y a par ailleurs dans ce choix une dimension politique: appeler un musée «Plateforme 10», c’est entériner une forme de prise de pouvoir du monde de la communication et du marketing sur la culture. L’ambition semble avant tout de créer une marque, comme on baptiserait un nouveau gel-douche ou une boisson gazeuse; cette volonté d’être branché, de «faire jeune» semble assez maniérée, assez conceptuelle, assez prétentieuse.

Le deuxième enjeu est d’ordre pratique: un nom est aussi utile lorsqu’il s’agit de localiser un lieu. Un touriste se rendant à Paris trouvera facilement sur un plan le Musée d’Orsay, le Musée du Louvre ou le Musée de l’Orangerie. Ce même touriste, amateur de peinture et qui voudrait visiter le musée cantonal des Beaux-arts risque bien de passer à côté, lorsqu’il verra écrit «Plateforme 10». Qui, sérieusement, comprend ce que cela signifie?

Nous voulons un musée ouvert, accessible aux Vaudois: ne tombons donc pas dans l’élitisme et la pédanterie, alors que nous n’en sommes qu’au baptême.