Lausanne autrefois: mauvais accueil à l’Auberge du Faucon

Chaque semaine, Lausanne Cités en collaboration avec l’équipe du livre «Une journée à Lausanne» et les éditions Favre vous proposent deux photographies d’un même lieu à Lausanne, hier et aujourd’hui, accompagnées d’une anecdote y relative. Aujourd’hui, la place Benjamin Constant, ancienne place du Faucon.

  • GEOFFREY COTTENCEAU

    GEOFFREY COTTENCEAU

L’on met le sabot pour descendre dans la capitale du canton de Vaud, la descente finit un peu avant d’arriver à l’auberge du Faucon qui donnait sur la place du Faucon, renommée aujourd’hui place Benjamin Constant. L’on descend là, et l’on se rend à pied à l’hôtel. Le garçon en chef jette un regard dédaigneux sur cette troupe de vils piétons. Avec une négligence de très bon ton, il daigne les assurer qu’il n’a dans toute son auberge que six lits à leur offrir. Mr. Töpffer qui entrevoit les vrais et secrets motifs qui empêchent ce très gentleman sommelier de nous accorder l’hospitalité, redescend; et donne des ordres bruyants pour qu’on fasse avancer les voitures, afin de gagner une autre auberge. Aux mots d’équipage, de voitures au pluriel, de cochers, le sommelier court chercher une lumière pour éclairer au moins l’endroit où nous avons passé, et accourant d’un air très gracieux auprès de Mr. Töpffer, il lui fait mille excuses de ce qu’il a complètement oublié qu’il pouvait mettre à sa disposition une maison entière attenant à l’hôtel. Mr. Töpffer proteste qu’il ne veut causer aucun embarras, et s’achemine pour trouver de la place ailleurs. Nous allons descendre à l’hôtel d’Angleterre où rien ne tend à nous faire regretter la maison entière du Faucon, ni son aimable sommelier.

Rodolphe Töpffer, pédagogue et auteur de bande dessinée suisse.