Un faux monnayeur à la rue Saint-François

Chaque semaine, Lausanne Cités en collaboration avec l’équipe du livre «Une journée à Lausanne» et les éditions Favre vous proposent deux photographies d’un même lieu à Lausanne, hier et aujourd’hui, accompagnées d’une anecdote y relative. Aujourd’hui, la rue Saint-François.

  • GEOFFREY COTTENCEAU

    GEOFFREY COTTENCEAU

«Le nommé Friedrich, un Zurichois, avait élu domicile à Lausanne, rue Saint-François, dans la maison de l’ancienne brasserie Gloor, soit dans l’immeuble où fut un temps le cinéma Palace. Il logeait au deuxième étage comprenant 4 ou 5 pièces. L’une de ces pièces prenait jour sur une cour, côté rue Centrale. C’est là qu’il s’était aménagé un atelier, et comme il possédait un don de graveur-dessinateur incontestable et très poussé, c’est là vraisemblablement qu’il se mit à fabriquer à la grosse des billets de banque français de 100 fr. Ces billets, imités à la perfection, se négociaient sans autre, même au guichet de la Banque de France.

D’ailleurs, le service d’écoulement de ces fausses coupures faisait l’objet d’une organisation méthodique. Friedrich disposait de huit agents-complices. A cette époque, 100 fr. français valaient au change 100.50 fr. suisses. Frais déduits, le revenu en valait la peine.

Bien entendu, la Sûreté ignorait tout de ces tractations malhonnêtes, et encore moins la Banque de France, qui acceptait ces coupures sans se douter de leur falsification.

Ce trafic, qui rapportait gros, aurait pu durer jusqu’à la Saint Glinglin: le pot aux roses fut néanmoins découvert par incidence.»

Marius Augsburger, surnommé « Traclette », inspecteur et ancien sous-chef de la « Sûreté », nom donné à la Police de l’époque, vers 1900.