30 km/h la nuit: la Ville donne un coup d’accélérateur

MOBILITÉ • Le test de 30 km/h de nuit lancé en 2017 sur les avenues de Beaulieu et de Vinet a démontré toute son efficacité en termes de protection contre le bruit. Fort de ce résultat, la Ville va soumettre un préavis au Conseil communal pour financer un plan d’assainissement du bruit routier qui intégrera cette mesure.

  • Selon les critères retenus: En vert, les tronçons routiers limités à 30 km/h la nuit. En rouge, les tronçons maintenus en vitesse actuelle.  En rouge pointillé, les tronçons routiers maintenus en vitesse actuelle dans une futur zone modérée. SITRM

    Selon les critères retenus: En vert, les tronçons routiers limités à 30 km/h la nuit. En rouge, les tronçons maintenus en vitesse actuelle. En rouge pointillé, les tronçons routiers maintenus en vitesse actuelle dans une futur zone modérée. SITRM

Les Lausannois n’y échapperont pas! Le 30km/h en ville de nuit, mesure testée en 2017 et 2018 sur les avenues de Beaulieu et de Vinet sera à terme la norme dans de nombreux quartiers de la ville. Pourquoi? Parce que les résultats issus de ce test le démontrent clairement: une vitesse de nuit à 30 km/h permet de réduire le bruit moyen de 2 à 3 décibels. Associée à la pose d’un revêtement phonoabsorbant, ce chiffre peut même passer à 3, voir 4 décibels qui est conséquent.

Un essai concluant

L’essai a également démontré que le 30 km/h nocturne a un impact considérable sur les vitesses excessives, qui diminuent drastiquement en comparaison aux mesures faites avec la vitesse à 50 km/h. Essentielle pour la qualité du sommeil, la diminution des bruits de pointe est de 80 % lorsque le 30km/h était en place. «Le bruit est nocif, au même titre que la pollution de l’air et de l’eau. Les collectivités publiques ont donc le devoir d’agir pour combattre ces nuisances», affirme ainsi la Municipale Florence Germond, directrice des finances et de la mobilité qui annonce dans la foulée de ces résultats que la Ville va présenter au Conseil communal un préavis de 4’487’000 francs destiné à planifier l’assainissement du bruit routier, avec, comme enjeu, de concilier mobilité et bien-être des résidents.

De nombreux objectifs

Le financement proposé devrait permettre la concrétisation de nombreux objectifs contenus dans le projet de révision en cours du Plan directeur communal, notamment en ce qui concerne l’assainissement du bruit routier. Outre une poursuite de la généralisation de la pose des revêtements phonoabsorbants, là où cela est techniquement réalisable, et le recours au 30 km/h de nuit, la stratégie municipale prévoit également la poursuite des améliorations des infrastructures de transport public, et l’extension de zones modérées. Grâce au déploiement avec discernement de cette dernière mesure, 33’000 habitants dont les foyers présentent aujourd’hui un dépassement des valeurs limites de nuit verront le bruit diminuer. Sous réserve d’opposition, la mise en place du dispositif est planifiée pour le premier semestre 2020. Une importante campagne de communication ainsi qu’un large dispositif de radars pédagogiques (smiley) accompagneront la mise en œuvre de l’abaissement de la vitesse nocturne.

L’ACS prend acte, mais...

La section vaudoise de l’ACS considère que l’abaissement de la limitation générale de 50 km/h à 30 km/h doit rester limité et uniquement là où des critères objectifs le justifient, notamment liés à la sécurité. Les axes principaux doivent quant à eux rester à 50 km/h. Elle estime en l’état, que la limitation variable de vitesse crée une insécurité juridique inacceptable en cas de dépassement de vitesse. La question des preuves de l’infraction sera également difficile à établir, estime-t-elle.

Elle souligne enfin que la signalétique mise en place est peu lisible et difficilement compréhensible pour l’usager qui n’est pas un habitué des lieux et qu’elle n’est de surcroît pas adaptée aux systèmes modernes de reconnaissance des signaux routiers.

L’ensemble du canton aussi concerné

Dès le premier trimestre 2020, d’autres communes du canton de Vaud pourront demander à mettre en œuvre le 30 km/h de nuit sur leurs axes routiers où les valeurs limites d’immission sont dépassées. Le 30 km/h nocturne pourra être déployé sur les tronçons à grand trafic aujourd’hui à 50 km/h, s’ils répondent aux critères établis garantissant que la mesure est appropriée. L’axe devra avoir fait l’objet d’une analyse du bruit et avoir à ses abords une densité de population de plus de 200 habitants par kilomètre en dépassement des valeurs limites. Au final, près de 70 communes sont potentiellement concernées, soit près de 65’000 habitants. La Ville de Montreux et la commune de Cossonay sont déjà intéressées.