A 70 ans, un Lausannois va courir 250 km dans le désert

DEFI • Le chirurgien lausannois Jean-François Cuttat s’envole pour le Maroc afin de courir le Marathon des Sables. Cette épreuve mythique de 250 km au cœur du désert débute ce 1er octobre.

  • Photo Verissimo

    Photo Verissimo

«Je vais apprendre des choses sur moi, aller au-delà de ma zone de confort, et essayer d’être solidaire avec moi-même et avec les autres». C’est ce jeudi 30 septembre au soir que le chirurgien lausannois Jean-François Cuttat, accompagné de ses deux enfants adultes s’envole via Paris, pour rejoindre le lendemain matin le sud du Maroc. Objectif: courir les 250 km de la 35ème édition du légendaire Marathon des Sables, un raid désertique en cinq étapes et en dix jours au cœur du Sahara et qui, cette année, regroupera pas moins de 750 participants, de tous âges de tous milieux et de toutes origines.

Apprendre sur soi-même

Chaleur, autonomie complète avec nourriture et sac de couchage sur le dos sous un soleil de plomb, la course qui depuis des décennies attire de nombreux participants – y compris des marcheurs – n’est pas connue pour être des plus faciles. Seulement voilà, pour la plupart des participants, l’objectif n’est pas du tout de gagner. «90 à 95 % d’entre nous n’ avons qu’une seule ambition, résume Jean-François Cuttat: traverser la ligne d’arrivée. On dit que c’est une course mythique, et en effet dans le mythe, il y a une notion de passage et de spiritualité».

Le Marathon des Sables, c’est en regardant un reportage à la télévision que ce septuagénaire se dit: «Il faut que j’y aille, il faut que je vive cette émotion». Car pour cet adepte de course à pied, le moteur n’est pas la performance physique, encore moins le palmarès, mais bel et bien la recherche d’émotions: «Nous vivons au quotidien une vie très confortable, très sécurisée et nous avons bien peu d’occasions d’apprendre sur nous-mêmes et sur les autres. Avec un marathon dans le sable, on est au cœur de la dimension mystique du désert, on ne peut se réfugier nulle part, on est avec soi-même d’abord, mais aussi avec les autres, car on n’est pas en concurrence entre coureurs, bien au contraire: dans un tel environnement, la solidarité joue un rôle prépondérant.»

Et d’ajouter: «Pour beaucoup, c’est une aventure extraordinaire et elle l’est d’une certaine manière, mais uniquement parce qu’elle s’inscrit dans un monde trop ordinaire. Du coup, elle parait insurmontable à beaucoup, alors qu’en réalité elle ne l’est pas!» Évidemment, participer à une telle course ne s’improvise pas, car elle implique un minimum de préparation.

Préparation

«Bien sûr que l’on se prépare en courant régulièrement pour être prêt physiquement, explique Jean-François Cuttat. Mais cela reste compliqué car courir six ou sept jours d’affilée sans ombre dans le sable, on ne sait pas trop ce que c’est tant qu’on ne l’a pas fait. Mais je sais bien qu’à un moment, c’est la tête qui prendra le relais, un pas après l’autre».

La tête mais aussi peut-être, les enfants. Car c’est avec son fils Bastien et sa fille Florence âgés d’une trentaine d’années que ce médecin va courir le Marathon des Sables. «Pour moi, courir a aussi une dimension intergénérationnelle, conclut-il. Dans l’effort, il n’y a plus de lien vertical avec ses enfants, on les redécouvre, ils nous redécouvrent, c’est vraiment une expérience que je souhaite à tous les parents!»