Accueillir un réfugié? L’embarras des politiciens vaudois

POLEMIQUE • La désobéissance civile doit-elle être à tout prix combattue ou est-elle une forme légitime de participation? Le PLR lausannois s’insurge contre la Municipalité qui «parrainerait un hors la loi», en l’occurence David Payot qui a récemment affirmé qu’il serait prêt à accueillir un réfugié. Mais sur 20 élus ou anciens élus vaudois que Lausanne Cités a contactés pour avoir leur avis à ce sujet, seuls 4 ont accepté de répondre à la question posée: «Accepteriez-vous d’accueillir chez vous un réfugié menacé de renvoi?» Surprenant!

  •  Suzette Sandoz, ancienne conseillère nationale PLR

    Suzette Sandoz, ancienne conseillère nationale PLR

  •  Olivier Feller, conseiller national PLR

    Olivier Feller, conseiller national PLR

  •  Rebecca Ruiz, conseillère nationale socialiste

    Rebecca Ruiz, conseillère nationale socialiste

  •  Jacques Neirynck, ancien conseiller national PDC

    Jacques Neirynck, ancien conseiller national PDC

Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, le moins que l’on puisse dire c’est qu’il suit ses convictions jusqu’au bout. Il y a une quinzaine de jours, le Municipal David Payot jetait un sacré pavé dans la mare. En se disant prêt, à l’instar d’une vingtaine d’autres personnalités, à accueillir un réfugié chez lui, pour le protéger d’un renvoi. Au mépris de la loi. Son argument? «Il faut respecter la légalité certes, mais il faut aussi qu’elle corresponde à une légitimité».

Ce faisant l’édile pose une question éminemment citoyenne qui interpelle l’ensemble de la communauté, celle de la désobéissance civile. Une question vieille comme la démocratie et qui oppose la force de lois prises par des représentations élues par le peuple et à ce titre éminemment légitimes, à celle de l’éthique.

Faut-il désobéir au risque de remettre en cause l’ensemble de l’édifice démocratique qui fonde notre vivre-ensemble, ou faut-il obéir aux lois au risque d’y laisser une part de l’humanisme qui fonde moralement notre état de droit ?

Afin d’alimenter le débat démocratique sur cette problématique cruciale nous avons envoyé à une vingtaine de personnalités vaudoises, dont l’ensemble de nos représentants aux chambres fédérales, la question suivante:

«Accueilleriez-vous chez vous un migrant menacé de renvoi? Si oui, pourquoi, si non pourquoi ? »

À notre grande surprise, seules quatre personnalités dont deux élus en fonctions, ont répondu à cette question. Contactées, les autres ont confirmé ne pas souhaiter s’exprimer. Nous vous livrons ci-dessous l’intégralité des réponses des quatre personnalités politiques qui ont accepté de jouer le jeu et donner leur avis en toute transparence.

Suzette Sandoz, ancienne conseillère nationale PLR

«Je lui offrirais d’aller avec lui à la police afin de signaler qu’il est chez moi jusqu’au moment où il devra être renvoyé. Je resterais avec lui pour savoir quel sort lui est réservé. Je n’ai aucun doute sur la légalité des procédures qui se déroulent chez nous, mais je considère qu’il ne serait pas humain de laisser une personne sans abri sous prétexte qu’elle doit être renvoyée de Suisse. En revanche il est clair que je ne soustrairais pas cette personne à l’exécution de la décision légale.»

Jacques Neirynck, ancien conseiller national PDC

«Non, en aucun cas je ne me mets en dehors de la loi. Nous avons le privilège de vivre dans un État de droit. En violant la loi nous ébranlons cet édifice. Il y a d’autres méthodes pour faire changer une loi que de la violer».

Rebecca Ruiz, conseillère nationale socialiste

«J’ai soutenu et continue à soutenir des femmes et des enfants migrants dans le cadre des procédures légales en vigueur, en les aidant dans leurs démarches administratives, dans leurs recherches d’emploi et dans leur parcours d’intégration.»

Olivier Feller, conseiller national PLR

«Non, Par respect d’une décision – non seulement légale – mais prise à l’issue d’une procédure d’examen qui assure droit de recours au migrant, procédure dont on peut d’ailleurs regretter qu’elle soit souvent trop longue malgré les efforts entrepris pour la raccourcir».