Appel au secours pour les prostituées

PRÉCARITÉ • Très impactées par l’épidémie de Covid en mars dernier, les prostituées subissent de plein fouet le retour de la deuxième vague. Malgré l’autorisation de travailler, beaucoup plongent dans la précarité. L’association Fleur de Pavé lance un appel aux dons en produits de première nécessité.

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«C’est clairement une impasse et une urgence, avertit Sandrine Devillers, directrice adjointe de Fleur de Pavé, association active auprès des travailleurs et travailleuses du sexe exerçant la prostitution dans le canton de Vaud. Avec la deuxième vague de Covid, et en dépit du fait qu’elles ont l’autorisation de pratiquer, les prostituées travaillent très peu et font donc face à une baisse drastique de leurs revenus. Même celles qui travaillent dans des appartements privés ont vu une chute de leur clientèle de plus de 50 %. Pour la plupart c’est donc le retour de la précarité car du fait de leur statut d’indépendante elles ne peuvent pour l’heure prétendre à aucune aide».

L’urgence est telle que l’association vient de diffuser un appel pressant aux dons: vêtements d’hiver, produits alimentaires, produits d’hygiène sont ainsi demandés pour permettre aux prostituées lausannoises de faire face à leurs besoins les plus urgents. «Alors que les revenus baissent drastiquement, leurs charges demeurent, explique-t-elle. Les dons leur permettront de dégager un peu d’argent pour essayer de payer leurs factures les plus urgentes comme le loyer».

Première vague dramatique

Comme bien des métiers, les travailleurs et travailleuses du sexe ont déjà subi de plein fouet les effets de la première vague du coronavirus en mars dernier, avec une cessation totale de leurs activités, sur décision des autorités, d’autant qu’à Lausanne, la prostitution de rue avait également été interdite.

Les prostituées dotées d’un statut légal, ont pu heureusement bénéficier, après un temps relativement long des pertes de gain, même si les quelques centaines de francs par mois se sont évidemment révélées largement insuffisantes. Certaines ont été orientées vers les services sociaux des communes, tandis que grâce à des soutiens divers (privés, Lausanne région, Chaîne du bonheur) Fleur de Pavé a pu leur venir en aide. «Trois mois sans activités c’était extrêmement long et beaucoup ont basculé dans la précarité, la misère et l’endettement, explique Sandrine Devillers. Grâce à la mobilisation, 340 personnes ont à l’époque bénéficié d’aides directes, et nous avons pu régler l’urgence en distribuant des colis alimentaires. Les personnes sans statut qui ne pouvaient prétendre à aucune aide, une quinzaine, ont été également orientées vers Caritas qui a fait le nécessaire».

Pas de retour à la normalité

Malheureusement, la levée du confinement au début du mois de juin dernier, ne s’est pas soldée par une reprise réelle de l’activité. La situation sanitaire encore très anxiogène, la stagnation de l’économie, le fait que les travailleuses elles-mêmes ont cherché à se protéger, tout cela a rendu impossible le retour à la situation qui prévalait avant le début de la pandémie, déjà pas brillante.

«Cette deuxième vague est le coup de grâce d’autant que pour l’instant les autorités ont d’autres priorités que les travailleurs et travailleuses du sexe, observe Sandrine Devillers. C’est la raison pour laquelle en plus des dons en produits de première nécessité nous allons lancer une cagnotte solidaire en ligne pour leur venir en aide».

Point de récolte: association Fleur de Pavé. Avenue de Sévelin 32b, Lausanne. 6ème étage. Tél. 021 661 31 21 www.fleurdepave.ch