Au CHUV, un suicide par arme à feu questionne sur la sécurité

SECURITE • Un événement tragique survenu début mars au CHUV braque les projecteurs sur la sécurité à l’intérieur même du bâtiment. Ses services de sécurité s’expliquent et ... relativisent.

  • En Suisse, les hôpitaux ne sont pas considérés comme des cibles prioritaires en termes sécuritaires. DR

    En Suisse, les hôpitaux ne sont pas considérés comme des cibles prioritaires en termes sécuritaires. DR

Ça n’aurait pu être qu’un événement tragique, comme tant d’autres qui se déroulent, ci et là, chaque année à travers le pays. Mais dans ce cas, c’est au CHUV, endroit public et emblématique de la capitale vaudoise, qu’il s’est produit. Selon deux témoignages que nous avons obtenus, distincts et concordants, un drame s’y est déroulé le samedi 2 mars dernier quand un patient s’est suicidé à l’aide... d’une arme à feu. «C’est une triste histoire pour cette personne, nous a confié encore sous le choc l’un des témoins de cette affaire. Mais cela aurait pu aussi se terminer de manière plus dramatique encore si, au lieu de retourner l’arme contre elle, elle s’était mise à tirer contre un membre du personnel soignant ou un autre patient.» Pour cet autre témoin du drame qui, comme son collègue, préfère s’exprimer sous couvert de l’anonymat, «l’affaire a été étouffée et on peut le comprendre, car elle soulève un problème sécuritaire important qui concerne les patients, les visiteurs et l’ensemble du personnel hospitalier.»

La police confirme

Répondant à nos demandes d’explication, le service de communication du CHUV a en tous cas fait preuve d’une célérité pour le moins inhabituelle. Preuve qu’un tel événément en ce lieu, vu le moyen utilisé, a sans doute marqué les esprits plus que de coutume. Dans l’heure qui a suivi l’envoi de notre demande d’information, il nous répondait ainsi que «le CHUV n’est pas autorisé à répondre sur l’événement du 2 mars. Il vous prie de vous adresser au procureur ou à la police cantonale». C’est cette dernière, par l’entremise de Jean-Christophe Sauterel, son directeur prévention et communication, qui nous a confirmé l’information, nous signifiant que, «s’agissant d’un suicide, donc d’une affaire privée, il n’y aurait pas d’autres commentaires.» Dont acte! Reste l’aspect sécuritaire lié à cette affaire et les craintes qu’elle a pu susciter auprès de celles et ceux qui y ont été confrontés.

Une brigade formée

«Plusieurs milliers de personnes se déplacent chaque jour à l’intérieur comme aux alentours du CHUV, explique Laurent Meier, le responsable de la sécurité au sein de l’établissement hospitalier. «Pour que tout se passe pour le mieux en termes sécuritaires, nous disposons d’une brigade hospitalière encadrée et spécialement formée pour faire face à diverses menaces, qu’il s’agisse d’une simple altercation, voire d’une agression. Cette brigade, si nécessaire, peut aussi immédiatement faire appel à la police.» L’établissement hospitalier est par ailleurs équipé de caméras dans certains endroits et, notamment le soir dès 23 heures, la plupart des issues sont fermées, à l’exception de l’entrée principale.

«Il ne faut pas oublier que les hôpitaux, en Suisse, ne sont pas considérés comme des cibles prioritaires, mais ils sont préparés à l’action si nécessaire», ajoute Laurent Meier. Des plans d’action, régulièrement actualisés existent.»

Pas suffisant cependant pour qu’une arme ait pu être introduite à l’intérieur de l’établissement. «Toute la stratégie mise en place consiste à définir le risque admissible», rétorque le responsable de la sécurité. «On pourrait bien sûr installer des portiques de sécurité et des scanners comme dans les aéroports. Aux Etats-Unis, certains hôpitaux le font, mais ici ce serait certainement mal interprété par la population. Le risque sécuritaire ne justifie pas l’utilisation de tels moyens.»