«Au Gymnase du Bugnon, j’ai courbé les cours de sport»

SKI EXTRÊME • En gagnant l’Xtreme de Verbier le 23 mars dernier, la Lausannoise Elisabeth Gerritzen, 23 ans, a enfin obtenu la reconnaissance du milieu des freeriders... et des autres. Cet exploit bouscule certaines idées qu’elle se faisait de son futur.

  • Une victoire qui permet aujourd’hui à Elisabeth Gerritzen de compter dans le monde des freeriders.  JEREMY BERNARD

    Une victoire qui permet aujourd’hui à Elisabeth Gerritzen de compter dans le monde des freeriders. JEREMY BERNARD

Le retour sur la terre ferme et ses réalités, après celle enneigée et ses incertitudes, n’a pas été simple. «La coupure a toujours été abrupte, mais je m’y fais. La ville et ses bruits, comme la montagne et son silence, sont deux environnements qui ne se croiseront jamais», dit la jeune Lausannoise, qui habite momentanément dans la cité de Calvin. «Je suis un peu caméléon. Je m’adapte assez vite à tout. C’est mon quotidien.» A Genève, elle se déplace à vélo. Par commodité. Elle est étudiante, à l’UNI, en relations internationales. «J’ai encore un travail de Bachelor à écrire. Je finis en août.» Elle pensait travailler un jour pour une grande organisation. Mais un événement majeur est venu bousculer cette petite certitude: son succès à l’Xtreme de Verbier, le 23 mars. «Je suis dans le flou. Oui, aujourd’hui, je m’interroge.» En gagnant à Verbier, Elisabeth Gerritzen - première Suissesse à triompher sur le Bec des Rosses - voit ses plans changer et ce n’est que du positif. «Je suis tombée dans le freeride un peu par hasard. Je pratiquais ce sport avec des amis. A 16 ans, j’ai disputé une compétition junior à Verbier où c’est un peu chez moi, par curiosité et ça m’a plu.»

Un travail personnel

Quand on demande à Elisabeth Gerritzen si elle est une casse-cou dans l’âme, elle réfléchit. «Un peu!» Puis ajoute: «Ce terme est connoté. Un casse-cou pour moi, c’est quelqu’un d’irréfléchi. Un freerider passe des heures et des heures à analyser les lieux, tout est calculé, l’endroit du décollage, les sauts, là où il doit atterrir, etc. Rien n’est laissé au hasard. C’est au millimètre près. Tout ça est un travail personnel... Comme la préparation physique très intense, durant des mois, de juillet ou août jusqu’au mois de décembre.

Pour Elisabeth Gerritzen, la pratique du freeride, c’est d’abord une vraie liberté, une porte de sortie du quotidien. «Une manière égoïste, ajoute-t-elle presque en s’excusant, d’oublier ce qui se passe dans le monde.» Elle reconnaît manquer de confiance en elle. «Depuis toujours, c’est mon point faible.» Son succès acquis à Verbier a comblé un manque.

La bonne attitude

En montagne qu’elle sait traître, Elisabeth Gerritzen possède les bonnes aptitudes et a, surtout, appris les bonnes attitudes. A Verbier il y a une année, elle avait chuté. «J’ai eu la peur de ma vie. Ça m’a appris à mieux me connaître.» La Lausannoise, frêle et forte à la fois, pratique le yoga, rêve d’avoir le talent d’une méditation intérieure consistant à pouvoir sortir «l’esprit de mon corps.» Elle a aussi un besoin d’adrénaline. «Je cours après elle, ou plutôt c’est elle qui me fait courir.» Elle sourit. Avant de se quitter, elle fait un aveu. «Quand j’étais au Gymnase du Bugnon à Lausanne (2011-2014), je n’ai jamais participé à un cours de sport. Je les courbais avec beaucoup d’aplomb. J’ai toujours détesté le sport scolaire. Je trouvais ça barbant, à en mourir. Je préférais aller me promener en ville ou me rendre au tea-room d’en face. Si j’ai souvent été «collée»? Oui.»