Beaulieu:«La chienlit se poursuit»

POLEMIQUE • Un peu plus d’une année après le refus du Grand Conseil de créer une Commission d’enquête parlementaire pour faire toute la lumière sur le scandale financier de Beaulieu, voilà le site lausannois qui réapparaît sur le plan politique à travers deux démarches l’une qui vise son passé et l’autre… son futur.

Le 1er septembre 2020, le Grand Conseil vaudois rejetait le lancement d’une commission d’enquête parlementaire (CEP) sur le fiasco de la Fondation de Beaulieu qui a coûté des dizaines de millions de francs aux collectivités publiques, jugeant l’utilisation de ce rare dispositif disproportionné. Le lancement d’une CEP avait été demandée par 39 députés, alors qu’ils étaient 84 à s’y opposer et 6 à s’abstenir. Après ce refus, le fiasco Beaulieu était donc de facto politiquement clos.

Un mandat à terminer

Deux initiatives viennent toutefois de le relancer. La première est due à la Commission de Gestion du Grand Conseil qui vient de demander au Ministère public de lui remettre des documents liés à ce dossier confidentiel. «Comme le leur permet la loi sur le Grand Conseil, les groupes parlementaires des Socialistes et des Vert.e.s ont demandé à la Commission de Gestion d’investiguer sur ce dossier avant même que le Grand Conseil ait définitivement rejeté l’idée d’une CEP», tient d’emblée à préciser Monique Ryf, présidente de cette Commission. «Nous avons demandé à avoir accès à certains documents que nous supposons se trouver dans le dossier du Ministère Public, car nous ne les avons pas reçus par ailleurs».

Cette démarche a notamment pour but de vérifier si les fonds publics cantonaux ont été utilisés conformément à ce qui avait été annoncé.

Interpellation

Elle vise donc à permettre à la Commission de boucler son rapport sur ce sujet, mais sans garantie toutefois que celui-ci soit rendu public. «La Commission de Gestion a eu accès à de nombreux documents et elle a procédé à des auditions. Ses membres sont tenus au secret de fonction», précise encore Monique Ryf. «Nous devrons, avant publication, demander un certain nombre d’autorisations. Nous avons toutefois bon espoir à ce stade que nous pourrons publier le résultat de nos travaux.»

Le deuxième initiative qui relance le cas Beaulieu au niveau politique est due au député Gilles Meystre, qui vient de déposer une interpellation, alors que le directeur de Beaulieu, Nicolas Gigandet, engagé en 2019 pour redonner vie au site, va déjà quitter le navire à la fin de cette année. Le député PLR note ainsi, et d’abord, l’absence d’événements dignes de ce nom à Beaulieu depuis au moins trois ans, alors qu’ailleurs les foires revivent! «Ces lieux d’échange et de convivialité, traits d’union entre ville et campagnes, entre acteurs économiques et clients potentiels, renaissent un peu partout et profitent à l’économie régionale. Sauf… à Lausanne!»

Avant d’ajouter: «Depuis des mois, l’agenda en ligne de Beaulieu SA fait montre d’un encéphalogramme quasiment plat, maintenu en vie par la seule grâce du Canton et de son centre de vaccination! Ironie de l’histoire…». Côté gouvernance et perspectives, Gilles Meystre se montre tout aussi critique.

Pas de pilote à la barre

«Le site laisse à penser que la chienlit se poursuit», dit-il, faisant référence au départ de Nicolas Gigandet. «Ainsi, après avoir été repris avec force promesses intenables, puis démantelé par MCH, après avoir fait les gros titres par le licenciement immédiat du Secrétaire général de la Fondation de Beaulieu Marc Porchet, blanchi une première fois par la justice, après avoir été transformé en société anonyme en mains exclusivement lausannoises, le site se retrouve à nouveau sans pilote», commente Gilles Meystre.

D’où les questions posées au Conseil d’Etat: le Canton considère-t-il le centre de congrès et d’expositions comme un lieu stratégique en terme de promotion du tissu économique vaudois, respectivement d’accueil d’événements d’envergure extra-lausannois?

Quel est son appréciation politique s’agissant du départ de son directeur et de la quasi absence d’activités programmées dans les halles Sud? Le Canton et la Ville de Lausanne se sont-ils préoccupés de la propriété des marques des salons organisés à Beaulieu et ont-ils tenté de les conserver, lors des nombreuses négociations préparant le départ de MCH? Dans la négative, pourquoi ?