Ce faux Grégoire Junod qui sévit sur instagram

USURPATION • Depuis des années, le Syndic ne parvient pas à faire fermer le compte d’un usurpateur sur instagram. Mais il ne parvient pas non plus à créer son propre compte. Histoire d’un pot de terre contre un pot de fer, entre Ubu et Kafka.

  • Faux, ce compte a même été utilisé à des fins frauduleuses. DR

    Faux, ce compte a même été utilisé à des fins frauduleuses. DR

Si vous souhaitez féliciter le Syndic, après son excellent score au premier tour des Municipales dimanche dernier, n’allez pas sur instagram! Ce n’est pas lui. Même s’il a tout à fait l’apparence d’un vrai, le compte @junod.gregoire n’est pas le sien. Et pourtant, tout pousserait à le croire. Outre le nom bien sûr, le compte porte la mention Syndic de Lausanne, renvoie au site www.gregoire-junod.ch et comporte des photos bien réelles de l’élu lausannois, tout en comptant pas loin d’un millier d’abonnés.

«Ce faux compte à mon nom date déjà de quelques années et avait été utilisé pour soutirer de l’argent à des tiers. Une procédure de police avait alors été engagée, rappelle l’élu. A l’époque je n’étais pas sur instagram et le compte a été supprimé avant de revoir le jour peu de temps après. c’est tout de même problématique, personnalité politique ou pas d’ailleurs, d’avoir de faux comptes à votre nom, en particulier s’ils sont utilisés à des fins frauduleuses. Ce n’est rien d’autre que de l’usurpation d’identité!» Si l’affaire est en effet connue de longue date, le plus drôle, à vrai dire le plus inquiétant, est que le Syndic n’arrive pas à y mettre un terme. Impossible en effet, malgré de multiples tentatives et demandes à instagram, de faire supprimer le compte de cet usurpateur, qui sévit impunément sur la toile depuis longtemps.

Absurde

Mais il a mieux. Ou plutôt pire: impossible non plus pour l’élu, de créer un autre compte – réel cette fois-ci – à son propre nom. «Mes misérables tentatives de création d’un vrai compte se sont à chaque fois soldées par un échec, observe-t-il non sans humour sur son (vrai) compte facebook. Après quelques jours - j’ai tenu 10 jours- cette fois-ci, instagram a bloqué mon compte».

En résumé, le réseau social laisse impunément prospérer le faux compte et interdit à Grégoire Junod le Syndic de créer un vrai compte à son nom. Une situation à la fois kafkaïenne et ubuesque, qui illustre la vulnérabilité des utilisateurs, désemparés lorsqu’il s’agit d’interagir avec des plateformes qui comptent des centaines de millions d’utilisateurs. «C’est absurde, convient Grégoire Junod, qui a décidé de guerre lasse, de renoncer à ouvrir son propre compte. Cela montre bien les limites de ces géants du web, qu’on ne peut pas atteindre et qui ne fonctionnent qu’avec des algorithmes». Des limites amplifiées par les lacunes du droit suisse, qui malheureusement, ne prévoit toujours pas – nous sommes en 2021 - de délit d’usurpation d’identité.

De bonne grâce, le Syndic a donc décidé de jeter l’éponge et fait contre mauvaise fortune bon cœur: «Je vais arrêter d’insister, ça me fera quelques heures passées sur les réseaux sociaux d’économisées, conclut-il philosophe. Au moins peut-on se rassurer sur le fait que les élus ne sont pas mieux traités que quiconque sur les réseaux sociaux… Nous sommes toutes tous logés à la même enseigne!».