Ces censeurs qui nous ont pourri la vie en 2017: une multitude de réactions!

DÉBAT • L‘article - et l’éditorial - que nous avons publiés dans notre dernière édition de l’année 2017 a suscité une avalanche de réactions, certaines dénonçant une dérive réactionnaire et populiste, d’autres louant au contraire notre courage et nous remerciant pour notre engagement en faveur du débat et des libertés individuelles. Découvrez ci-dessous un florilège de celles-ci!

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Aylin Sallin-Toker

(...) En quoi poser un foutu opercule de yogurt dans un bac spécial tient-il des travaux forcés? En quoi penser à demain, alors que l’on ne peut globalement continuer à reproduire cette course en avant, tiendrait-il de «l’intégrisme»? C’est une obligation, mathématique, scientifique et/ou éthique, mais stricto sensu aux antipodes d’un diktat. Parler de «respecter le choix de l’autre» tout en prenant le parti, sur toute une page, de s’affliger de ceux qui en appellent juste à un peu plus de respect de ... l’autre. L’autre? La femme en position fragilisée, l’animal en position de gigot à venir, l’autre dont les larmes comme la sensibilité à fleur de peau face à certains «gags» sont simplement occultés, par ignorance ou défi. Ce ne sont pas des diktats, c’est juste le contraire: refuser l’arrogance toute puissante de la pensée «commune» pour ouvrir de nouvelles perspectives! (... )

Sylvie Cohen

(...) Les bien-pensants s’offusquent peut-être un peu vite de certaines attitudes, parfois innocentes et parfois moins (la dérision cache souvent de très vilaines choses), mais bon, il n’y a pas de quoi fouetter un chat. Mais que dire de la nocivité des mal-pensants sur les réseaux sociaux, des semeurs de haine, des vrais racistes qui s’y affichent, de ceux qui insultent et dénigrent tout ceux qui ne pensent pas comme eux, des pro de la fake News et de la post vérité, des clivants et des obscurantistes qui, eux, voudraient ériger leur idéal en pensée dominante, voie unique.

Mais visiblement ceux-là agacent moins Lausanne Cités que la bonne femme débile qui se fait mousser avec ses théories sexistes insensées. Lesquelles n’ont jamais mérité d’être répercutées par la presse, à moins de vouloir discréditer le féminisme.

Manuel De Lorentis

Je ne trouve pas que ce papier soit

de mauvaise foi, au contraire. Tout ce qu’il dénonce, ce sont les excès de cette époque dingue qui risquent d’engendrer des effets inverses aux causes défendues. Où est le mal? Où est la bêtise? Où est l’excès? Dans l’article de Lausanne Cités ou chez tous ceux qui à force d’outrances en deviennent ridicules?

Etienne Maillard

Ce bref message pour vous remercier de votre éditorial sur la pensée unique et de votre dossier y relatif. Il est rare aujourd’hui de lire de tels propos dans les médias, et c’est bien malheureux. Merci pour votre courage et votre engagement en faveur des libertés individuelles, j’espère que ce numéro sera bien lu et que vous recevrez d’autres échos positifs.

Sybille Regamey

A l’heure où les cas massifs de harcèlements sexuels (voire viols) sont enfin dénoncés et la parole des victimes prise un minimum en compte, nous trouvons cet article et son parti pris totalement déplacés. Vos rédacteurs sortent totalement les revendications anti-harcèlement de leur contexte, reprennent un discours anti-féministe entendu mille fois sans s’intéresser au fond et font preuve d’une mauvaise foi évidente dans l’exemple donné. (...) D’ailleurs, ce n’est pas le conte en lui-même qui est critiqué par les féministes (et d’autres) mais bien le message qu’il véhicule. Il est tout à fait possible de présenter une histoire avec des éléments déplaisants, tout dépend ensuite de la façon dont ces éléments déplaisants sont montrés. (...)

Christian Vienne

Cela s’appelle la liberté d’expression, et c’est son droit d’exprimer son mécontentement. Je ne suis pas d’accord sur tout, mais je comprends ce ras-le-bol. On vit avec des interdits parce que l’être humain a perdu son bon sens et que certaines personnes exagèrent, alors on crée des lois et des interdits. Les gens sont devenus de plus en plus nombreux et mobiles sur le globe et si on rajoute les différences de cultures, de religions cela ne va pas aller en s’arrangeant. La cohabitation devient de plus en plus compliquée et nous n’arrivons même plus à nous respecter dans l’expression.

JCP

«Elections, piège à cons», scandaient les étudiants parisiens de Mai 68. Cinquante ans plus tard, Lausanne Cités rajeunit la rime avec le mot «participation». Ou plus exactement: démarche participative. (...) «Si Mitterrand en avait usé sous son règne, il n’y aurait à Paris ni Pyramide de Pei, ni Arche de la Défense». Ah, le bon vieux temps où l’Architecte s’asseyait à la droite du Prince! L’un aidant l’autre, ils traçaient les grands boulevards où, heureuse coïncidence, les régiments manœuvraient plus facilement. Et, ma foi, tant pis s’il fallait évacuer pour cela une populace moyennement consentante.(...) Nostalgie des despotes éclairés? De Moscou à Washington en passant par les pages de Lausanne Cités, on la sent pointer un peu partout. Le hic étant toujours le même: si la route du despotisme est facile à emprunter, l’éclairage n’y est jamais garanti. D’ailleurs depuis Churchill, rares sont les politiciens qui osent promettre du sang et des larmes à leurs électeurs. Mai 68 et son individualisme contestataire sont passés par là. Dès lors, cherchant à prévenir les oppositions, les autorités s’abritent derrière la par-ti-ci-pa-tion. En 2017, Lausanne a fait particulièrement fort (Riponne, Tunnel, Sauvabelin, Vallon, etc.). (...) Renens l’a fait aussi, Prilly s’y met. Ô peuple, dessine-moi une place! Cette auscultation frénétique des habitants est-elle efficace, ou le plus sûr moyen d’accoucher du plus petit commun dénominateur, c’est-à-dire de médiocrité? La question mérite d’être posée. Trop de démarches participatives frustrent aussi bien les autorités que les consultés parce qu’elles relèvent de l’exercice-alibi, traînent en longueur, que leurs résultats vagues et contradictoires ne donnent aucune direction claire aux responsables du projet – sans parler de leur coût.(...)

Olivier Bodenmann

(... ) Oui, vivre pollue, mais on a le choix de limiter cette pollution en deçà du seuil tolérable pour la planète. Alors dire qu’il faut s’en ficher sous prétexte que de toute façon vivre pollue, c’est simplement malhonnête. On peut manger par exemple de la viande d’animaux produite dans de bonnes conditions. Et si on n’en mangeait qu’une à deux fois par semaine comme il fut un temps, point besoin d’élevages industriels. Mais les choses changent, les consciences s’éveillent, beaucoup de gens cessent de manger des produits animaux (...) agissent au niveau local, et surtout ils sont de plus en plus résistants à la pensée unique officielle diffusée par les médias (... ). Je vous accorde néanmoins, qu’il faut se garder de la rigidité qui accompagne parfois, souvent, des démarches valables mais qui risquent de se transformer en religion (...).

Les Verts lausannois

(...) A l’heure où le président des Etats-Unis affirme que le réchauffement climatique n’existe pas, où il devient difficile de connaître le contenu de nos assiettes et où la parole de femmes et d’hommes s’élève enfin pour dénoncer des cas de harcèlement tus depuis des décennies, il est facile et populaire (populiste?) d’attaquer le «bobo-vert-bien-pensant par quelques clichés trompeurs.

Le terme «harcèlement» semble plus obséder ceux qui «ne savent plus où est la limite», que ceux qui le condamnent.(...) Nous nous engageons donc à sensibiliser et combattre ce fléau au niveau politique, pour vivre ensemble sans frustration. L’opposition entre «bon vivant» et «écolo» est un nouveau fantasme des contradicteurs de la soi-disant «bien pensance». Les Verts ont une chose en commun avec l’auteu : ils aiment les repas de leur grand-mère. Mais étaient-ils bourrés d’antibiotiques ou de pesticides ? Non, évidemment. Ils venaient de la ferme d’à-côté, où les animaux vivaient dans les champs. Ce constat nous amène à défendre une nourriture saine, respectueuse des producteurs et des animaux.Les Verts ont à cœur de démontrer que l’écologie n’est pas source de frustration, mais d’alternatives et de bien-être. Cela passe par la valorisation de notre patrimoine et de l’innovation intelligente et non par des interdits.

Retrouvez l’article en question sur www.lausannecites.ch

Le poids des maux, le choc des réactions

Conservateurs, populistes, fachos, voire vieux cons. En concoctant nos pages 1 et 3 du 28 décembre dernier, nous savions que nous étions en train de nous livrer à un exercice difficile. Concentrer nos efforts sur quelques sujets sensibles et grand public ou les «modes» qui ont marqué la vie des réseaux sociaux en 2017, les traiter de manière un peu provoc en forcissant le trait afin de susciter le débat et démontrer que les excès dans tous les domaines finissent toujours par aller à l’encontre des causes défendues, tenait du pari risqué. La multitude de réactions que nous avons reçues a montré à l’envi l’ampleur de ce que nous redoutions un peu.

Alors, remettons l’église au milieu du village. Nos propos ne visaient en aucun cas les défenseurs des quelques causes avancées dans nos articles, des causes totalement légitimes, mais les effets pervers qu’elles engendrent sur certain(e)s qui les érigent en dogme et finissent par les discréditer à force de vouloir les défendre à tous prix et sans aucun discernement. Qu’il s’agisse de harcèlement sexuel et de la parole des femmes qui se libèrent (une excellente chose), mais jusqu’au point d’accuser le Prince Charmant d’avoir embrassé - abusé! - de la Belle au Bois dormant? Des spécistes - et autres donneurs de leçons du même type - qui trouvent par exemple marrant de semer la terreur dans certaines boucheries alors que des parents s’y trouvent avec leurs enfants (la juste défense de la cause animale justifie-t-elle ce type d’action?) Ou encore des pseudo antiracistes qui vouent aux gémonies les sketches qualifiés de racistes de Coluche, de raciste également le footballeur français Antoine Griezmann qui a eu la mauvaise idée de se déguiser en joueur de basket en se noircissant la face ou le film Rabbi Jacob antisémite!

Mais où va-t-on? Quelle place pour le bon sens dans tout cela? Les ayatollahs que nous dénonçons, dont le comportement est dicté par une forme d’aveuglement idéologique qui discrédite systématiquement tout questionnement démocratique, ce sont eux. Et pas celles et ceux qui défendent ces causes avec modération, discernement et une bonne dose d’objectivité dans la liberté et le respect de chacun. Certains nous ont compris. D’autres pas. Plus que jamais, en ce début de 21e siècle, le rôle de la presse est aussi de dénoncer ces excès qui explosent sur les réseaux sociaux et aboutissent très souvent à des lynchages inacceptables!