Chantier à la rue de Bourg: «Nous avons le sentiment d’être méprisés»

RUE DE BOURG 17 • Profondément impactés par les nuisances liées à la démolition de l’ancien immeuble du Lido, les locataires du 19 rue de Bourg voisin se plaignent du retard pris dans les conventions d’indemnisation. La régie se défend en invoquant la complexité du chantier.

  • La très grande majorité des locataires exercent des activités commerciales très prétéritées par les travaux. En médaillon, Noémie Houlmann de l’institut de Beauté «Chez Noémie. CA

    La très grande majorité des locataires exercent des activités commerciales très prétéritées par les travaux. En médaillon, Noémie Houlmann de l’institut de Beauté «Chez Noémie. CA

«Pour moi, c’est le pire des scénarios. J’estime mon manque à gagner à au moins 40 à 50% du fait que je ne peux pas travailler en journée, d’autant que l’été est la période où les affaires marchent le mieux». Pour Noémie Houlmann, une jeune lausannoise d’une trentaine d’années qui gère son propre institut de beauté, les choses n’auraient en effet pas pu plus mal tomber. L’immeuble dans lequel est situé son institut, au 17 de la rue de Bourg, est en effet mitoyen du 19, celui qui jadis hébergeait le célèbre Lido et qui est voué à la démolition cet été.

Alors que les gros travaux de destruction sont prévus de manière imminente, les nuisances, elles, ont déjà commencé. «Déjà lors des travaux et sondages préliminaires, j’avais l’impression qu’ils étaient en train de percer carrément chez moi. Je n’ose imaginer ce que cela donnera lorsque les marteaux piqueurs entreront en action, avec le bruit et les vibrations que l’on subira».

Une inquiétude légitime, lorsque l’on sait qu’après la démolition, la reconstruction durera plus d’une année, jusqu’au 2ème semestre de 2020.

Autant dire que lorsque l’on exerce une activité commerciale, les choses sont plutôt mal emmanchées. Parmi la dizaine de locataires du numéro 19, on trouve ainsi, outre Noémie Houlmann, une naturopathe, une psychologue, un bureau, un coiffeur, une bijouterie du rez-de-chaussée etc. Tous ont évidemment cherché des solutions alternatives. Certains ont résilié leur bail de manière anticipée, d’autres ont pu trouver un autre local à louer durant la durée annoncée des travaux etc. Et d’autres attendent, faute de mieux...

«Je cherche quelque chose ailleurs, sauf que ce n’est pas du tout évident, déplore Noémie Houlmann, qui dans l’attente, a demandé une exonération complète de son loyer durant les travaux de gros œuvre, puis une réduction de 50% pendant la reconstruction. Le problème, c’est que nous n’avons pas de réponses écrites à nos demandes. Rien n’est défini, tout traîne en longueur alors que le lancement des travaux est imminent. Nous avons le sentiment d’être traités par le mépris».

«Réactifs et compréhensifs»

Contacté, Antoine David, l’administrateur de la régie DVDim qui gère l’immeuble incommodé par les travaux, se montre embarrassé. «Evidemment que nos locataires subissent des nuisances importantes car ils ont besoin de calme pour travailler. Nous sommes une régie à dimension humaine et nous avons toujours été réactifs et compréhensifs avec eux, en cherchant activement des solutions, en acceptant des résiliations anticipées etc. En revanche, nous ne maîtrisons pas le chantier et la gestion de ce dossier par nos voisins. Sur la question des compensations, je peux juste vous dire que nous avons une convention avec la partie adverse selon laquelle elle est débitrice de toutes les pertes qui pourraient advenir en raison du chantier du 17».

Sur le fond donc a priori pas de souci, puisque des indemnisations sont prévues. Pourquoi donc de tels retards dans le traitement des dossiers. «Pour l’instant, aucune convention n’a été signée avec les locataires, ajoute Antoine David qui déplore: un projet d’une telle envergure se prépare et normalement tout cela aurait dû être résolu avant le début des travaux, il y a une force d’inertie, c’est certain!»

Responsable du chantier pour le compte du Crédit Suisse, propriétaire du 17, la régie Wincasa s’explique: «Le chantier en cours est un véritable défi, à la fois technique et organisationnel, particulièrement dans le contexte urbain extrêmement dense que représente la rue de Bourg et la rue du Rôtillon, observe Sébastien Troutot, Directeur régional gérance ouest. La prise en compte des voisins et des nuisances est un des facteurs clefs, qui a été pris en compte dans l’élaboration du projet et ce dès le départ. Concernant la démolition, plusieurs mesures concrètes, coûteuses et d’importance ont été mises en place pour le voisinage afin de limiter les nuisances»

Quant aux retards dans l’établissement des conventions d’indemnisation «personnalisées et confidentielles», ils s’expliqueraient selon le même responsable, par« les études et analyses complémentaires qui ont été nécessaires afin de les préciser».