A Chavannes, la pandémie tisse des liens

CHAVANNES-PRÈS-RENENS • Durant le confinement, la commune a déployé un plan d’aide aux seniors, notamment au travers d’une hotline téléphonique assurée en grande partie par des habitants. Après deux mois d’échanges, certaines personnes ont souhaité se rencontrer.

  • Francine Borboën (à gauche) a reçu une fois par semaine l’appel de Joëlle Miranda (à droite) durant le confinement. MISSON

    Francine Borboën (à gauche) a reçu une fois par semaine l’appel de Joëlle Miranda (à droite) durant le confinement. MISSON

  • Warren Goodings a pris de nouvelles de Cornelia Vonnez durant le confinement. MISSON

    Warren Goodings a pris de nouvelles de Cornelia Vonnez durant le confinement. MISSON

Dans la boulangerie Fleur de Pains d’Ecublens, à quelques dizaines de mètres de la frontière chavannoise, Warren Goodings et Cornelia Vonnez s’installent. A 10 heures du matin, et en raison des mesures de distanciation sociale en vigueur, il ne restait guère plus que cette seule table pour profiter d’un café matinal. Tous deux, âgés respectivement de 75 et 74 ans, se rencontrent pour la première fois. Pourtant, ils se connaissent déjà un peu. Pendant huit semaines, le premier a appelé la seconde chaque mardi. Ils discutaient «de tout et de rien», du quotidien, de cuisine, de voyages, de leur famille. Du virus aussi, mais pas trop, «car on recevait déjà beaucoup trop d’informations à ce sujet», estime Warren Goodings.

Plan de soutien communal

Si ces deux retraités plutôt indépendants dans l’âme se connaissent aujourd’hui, c’est grâce au plan de soutien aux seniors déployé par la commune de Chavannes-près-Renens durant la pandémie de coronavirus. Parmi les aides proposées, une hotline téléphonique destinée à les soutenir moralement a été mise en place. Sa particularité: elle a été en grande partie assurée par des habitants volontaires, dont Warren Goodings faisait partie. Les liens ainsi créés ont poussé plusieurs «binômes» à souhaiter se rencontrer «en vrai».

C’est aussi le cas de Francine Borboën, retraitée de 72 ans, et de Joëlle Miranda, employée au greffe communal. «J’ai beaucoup apprécié nos sympathiques échanges, et cela m’a procuré un sentiment de sécurité», explique Francine Borbouin. Plutôt solitaire, le confinement n’a pas énormément changé son rythme de vie – elle continuait à faire ses courses et à promener son chien. Néanmoins, on ne savait pas combien de temps cela allait durer, ou si j’allais tomber malade. Un téléphone hebdomadaire, dans le cadre d’un service communal, permettait d’être sereine.»

Les écoutants volontaires ne sortaient tout de même pas de nulle part. «Soit nous les connaissions déjà, soit ils nous étaient recommandés par le tissu associatif local», détaille la Municipale en charge de la cohésion sociale, Loubna Laabar. Par ailleurs, les écoutants ont également reçu une marche à suivre concernant les entretiens, «afin de donner un cadre éthiquement correct et d’éviter les dérives.»

Une suite logique

«Un lien de confiance s’est vite installé», détaille Joëlle Miranda. Se rencontrer, c’était pour elle la suite logique de ces huit semaines d’échanges téléphoniques, après l’annonce communale d’y mettre officiellement un terme. Loubna Laabar explique: «Il était important, à un moment donné, de notifier que la commune stoppait le processus. Si les personnes souhaitent se rencontrer, cela leur appartient dorénavant.»

«Nos discussions ont été ouvertes et chaleureuses, c’était dommage que cela s’arrête ainsi», raconte Joelle Miranda. Les deux femmes se sont même trouvé des points communs puisque la première avait enseigné dans un collège où la seconde était allée étant jeune. «Ce genre de découvertes tisse immédiatement des liens.» Cette rencontre est-elle une façon de boucler la boucle, ou le début d’autre chose? «Nos numéros sont enregistrés dans nos répertoires, sourit Joëlle Miranda. Je pense qu’il est possible que l’on se revoie pour un café ou une balade.»