Comment dénoncer les violences policières?

RECOURS • Les modalités de dénonciation des violences policières sont peu connues du grand public. En réponse à une interpellation du Conseiller communal Benoît Gaillard? Le Municipal Pierre-Antoine Hildbrand annonce des «réflexions en cours».

  • Des possibilités de dénonciation existent en cas d’éventuels débordements policiers. Mais la population les connaît mal. DR

    Des possibilités de dénonciation existent en cas d’éventuels débordements policiers. Mais la population les connaît mal. DR

Y a-t-il à Lausanne un problème de violences policières? Et si oui que faire pour y remédier? A en croire les partis d’extrême-gauche, nos policiers auraient la main trop lourde. Et certains éléments de l’actualité récente semblent accréditer cette thèse, comme la triste issue mortelle d’une interpellation policière, il y a maintenant quasiment une année.

L’affaire a suscité suffisamment d’émoi pour que l’extrême-gauche demande - en vain - au conseil communal de légiférer pour que les forces de l’ordre délivrent systématiquement un reçu lors de chaque interpellation.

Aujourd’hui, c’est le Conseiller communal socialiste Benoît Gaillard qui revient à la charge en demandant via une interpellation et un postulat que les dispositifs d’information et de recours pour les présumées victimes soit améliorés.

«Il n’y a actuellement aucun chiffre précis qui permettrait de conclure à une recrudescence des violences policières, admet-il. Mais on entend régulièrement des reproches sur de mauvaises pratiques ou de la discrimination de la part de policiers. Mon but est de demander à la Municipalité, non pas de nouveaux instruments, mais d’améliorer l’information du public sur les voies institutionnelles actuelles qui permettent de dénoncer de mauvais traitements.» Et d’ajouter: «Si on tape sur google «mauvais traitements police lausanne» on tombe sur des articles de presse et il est très difficile de se faire une idée sur les démarches possibles.»

Deux possibilités

Que faire donc aujourd’hui lorsque l’on s’estime victime de mauvais traitement de la part de la police? Deux possibilités existent: porter plainte ou saisir la commission de déontologie ad hoc. «C’est justement là que le bât blesse, souligne Benoît Gaillard. Bien sûr que l’on peut porter plainte contre la police. Mais qui est au courant que l’on peut porter plainte dans n’importe quel poste de police du canton, pour ne pas avoir affaire à ceux que l’on veut dénoncer? Quant à la commission de déontologie, elle a ses locaux dans ceux de la police, ce qui n’est pas vraiment incitatif pour y poser des doléances... J’espère donc que le Municipal sera ouvert à plus de transparence et à des améliorations. Ce qui ne peut être que dans l’intérêt de la police et permettra de dissiper les suspicions».

«L’action de la police est encadrée par des lois et il n’y a pas lieu d’accuser toute une corporation alors que celle-ci mérite largement le respect et l’estime de la population tient à rappeler Pierre-Antoine Hildbrand, le municipal en charge de la police. Ainsi, l’action de la Commission de déontologie nous donne entière satisfaction. Elle fait l’objet chaque année d’un rapport d’activité qui est rendu public. A titre d’exemple, en 2017, elle a pris en charge 25 doléances de personnes mettant en cause le comportement des policiers. Je rappelle ici qu’il s’agit de faits qui ne tombent pas sous le coup d’une infraction pénale. Dans ce cas, c’est la Justice qui s’en occupe.»

Et de concéder: «Cela ne signifie pas que le système soit parfait. Il peut toujours être amélioré. Et en ce qui concerne l’amélioration de l’information aux personnes s’estimant victimes de comportements policiers inadéquats, un certain nombre de réflexions sont en cours avec notamment la possibilité de développer des partenariats avec des organismes en dehors du monde policier.»

Charaf Abdessemed