Deal: la Municipalité dégaine l’artillerie lourde

DROGUE • Les récentes polémiques et l’exaspération des Lausannois ont poussé la Municipalité à réagir. Celle-ci annonce un plan d’envergure pour tenter d’endiguer le phénomène.

  • Dès le 15 juin, l’équivalent de 20 policiers à plein temps se consacreront à la lutte contre le deal. DR

    Dès le 15 juin, l’équivalent de 20 policiers à plein temps se consacreront à la lutte contre le deal. DR

Au vu de l’évolution des derniers mois et afin de répondre aux attentes des habitants, la Municipalité a décidé un renforcement important de la présence policière visible pour lutter contre le deal de rue, l’appropriation du domaine public et le sentiment d’impunité qui en découle.

Dans les faits, la police garantira une présence permanente de policiers en uniforme de 8 heures à 22 heures, sept jours sur sept, pour au moins 12 mois, sur six points chauds du centre-ville particulièrement exposés au deal de rue (Chauderon, Maupas-Saint-Roch, Bel-Air et passerelle de l’Europe, Gare-Petit-Chêne, Rue de Bourg-St-François et Riponne-Tunnel).

Un poste de police mobile sera également actif sur les différents «points-chauds». Structure dotée de toutes les compétences d’un poste de police habituel, elle permettra d’aller au contact des habitants et commerçants afin d’enregistrer les plaintes et de travailler sur la résolution de problèmes.

Perturber les transactions

La présence visible des policiers en uniforme sera renforcée par des points de passage obligatoires assurés par les divers éléments opérationnels, avec pour objectif de perturber les transactions et forcer les trafiquants de stupéfiants à multiplier les déplacements. Ce nouveau dispositif aura également pour objectif de rassurer les habitants et les commerçants des secteurs touchés pas le deal de rue qui pourront s’adresser à un numéro de téléphone dédié.

L’opération sera conduite par une taskforce impliquant la direction opérationnelle du corps de police et la police judiciaire, notamment ses spécialistes de la brigade des stupéfiants. L’accent mis sur ces collaborations permettra ainsi de suivre l’évolution de la nouvelle stratégie sur une longue durée.

Enfin, l’Ecole des sciences criminelles de l’Université de Lausanne a également été mandatée en mars dernier afin de permettre une évaluation des méthodes de lutte contre le deal de rue de Lausanne, Berne et Zurich. Les résultats de cette étude seront disponibles à l’automne et seront partagés avec la Coordination de la chaîne pénale, le Conseil cantonal de la sécurité, la Police cantonale et les autres partenaires cantonaux et communaux.

Charaf Abdessemed

«Il s’agit de tenir un territoire»

La Municipalité prend enfin acte des attentes des habitants. N’avez-vous pas trop tardé à prendre en compte les doléances de la population?

Pierre-Antoine Hildbrand, municipal en charge de la police: Nous travaillons sérieusement et dans la durée. Il s’agit de réorganiser les effectifs et de tenir un territoire. Cela ne se fait pas en un jour.

Le nouveau dispositif prévoit la mobilisation d’une vingtaine de postes de policiers. Cela sera-t-il suffisant, vu l’ampleur de l’action engagée?

Nous adapterons le dispositif. Ces chiffres ne comprennent pas les effectifs de la brigade des stupéfiants qui luttent en civil ou l’effort des autres divisions du corps de police.

Le deal nécessite une action complexe dont certains ressorts échappent à la Municipalité. Que comptez-vous faire pour mobiliser les autres parties appelées à intervenir, y compris judiciaires?

Les actions décidées seront soutenues par tous les acteurs de la chaîne pénale. Les contacts préalables sont très bons, tant avec la conseillère d’Etat Mme Métraux qu’avec le ministère public ou la police cantonale, pour ne citer qu’eux.