Des arbres et des forêts pour la postérité!

URBANISME • La Ville de Lausanne s’engage pour une arborisation ambitieuse et de qualité. Grâce à de nombreuses mesures et la plantation symbolique de 100 arbres majeurs durant les 100 prochaines années, elle veut promouvoir une ville plus verte. Explications avec Natacha Litzistorf, municipale en charge du lo- gement, de l’environnement et de l’architecture.

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Lausanne Cités: La Ville s’engage pour une arborisation ambitieuse et de qualité. En quoi les arbres et les forêts sont les alliés de la qualité de vie en ville?

Natacha Litzistorf: A l’heure où toute la planète parle d’urgence climatique, les arbres ont leurs rôles à jouer. Ils contribuent notamment à la lutte contre les îlots de chaleur. Mais les bienfaits sont multiples pour une ville et ses habitants: ils ont une valeur sociale, ils structurent nos paysages, si on pense par exemple aux allées, ils constituent un patrimoine qui témoigne de notre histoire et de nos racines, ils nous protègent des nuisances sonores, d’éboulements et d’inondations et, enfin, ils peuvent servir de matériaux écologiques de construction pour nos meubles et nos immeubles.

Au-delà de ces aspects, n’est-il pas tout de même un peu paradoxal de vouloir en quelque sorte réinstaller la campagne en ville. N’est-ce pas un peu céder à un effet de mode?

Il n’y a absolument rien de paradoxal et surtout pas «d’effet de mode», bien au contraire! A l’échelle du pays et de notre canton, il est vital de continuer à «construire la ville dans la ville», avec des logements pour tous et des infrastructures de transports publics, pour stopper le mitage du territoire et des paysages. Et pour ce faire, nous concevons la densification de notre ville avec une préservation accrue, voire même un accroissement, de cette composante vitale qu’est «le vert». Les arbres, les jardins, les parcs, les haies, les prairies, les enjeux de conserver de la «pleine terre», les toits et les murs végétalisés sont autant d’éléments qui contribuent à la santé physique et psychique des habitants d’une ville, et à l’équilibre de l’ensemble de l’écosystème.

Pour mener à bien votre stratégie, vous avez retenu plus d’une vingtaine de mesures. Quelles sont pour vous les 4 les plus importantes?

Il y a d’abord la révision du Plan général d’affectation (destiné à régler le mode d’utilisation du sol) qui est une formidable opportunité de «promouvoir l’arbre en ville» par une approche tant quantitative que qualitative et l’adoption d’un règlement de protection des arbres. Ensuite, en plus de toutes les autres politiques publiques qui soutiennent «le vert dans la ville», la Municipalité a mis dans son plan des investissements de 1 million de francs dans le but de renforcer l’arborisation, essentiellement dans les rues lausannoises. Et finalement, je citerais la «Directive bois» afin de promouvoir la construction en bois et de recourir prioritairement à l’utilisation du bois lausannois...

... ajoutons la mesure symbolique qui consistera à planter chaque année, durant 100 ans, un arbre dans un endroit dédié de la ville...

Nous sommes des êtres rationnels… et émotionnels, ne l’oublions pas. Avec cette stratégie pour le patrimoine arboré et forestier, la Municipalité parle certes à la raison, mais aussi au cœur de chacun et chacune. Il y a un lien si fort, venu du fond des âges, entre l’Homme et l’arbre qu’il faut également consacrer cette politique d’une façon symbolique. Et de souligner que cette mesure n’est pas du tout anecdotique puisque ces arbres recevront d’emblée le statut d’arbres majeurs.

Cela nous emmènera jusque vers 2119. Comment imaginez-vous Lausanne à cette époque? Devenue une ville-forêt ?

Quitte à paraître un peu naïve, mais dans le fond pas tellement quand on regarde le reste du monde, j’imagine et j’espère une ville en paix, inclusive et verte. L’objectif n’est pas une ville-forêt, mais une ville qui met à l’honneur ses arbres, et son patrimoine vert, parce qu’ils apportent le juste équilibre qu’il est essentiel de conserver pour que la ville reste vivable pour tous les êtres vivants. Propos recueillis par Philippe Kottelat