«Etre atypique? Un avantage pour présider le conseil communal»

POLITIQUE • L’UDC Nicola Di Giulio préside le conseil communal de Lausanne depuis le 29 juin dernier. Fils d’immigrés, policier, atypique sur de nombreux sujets de société, l’homme a endossé l’habit sans difficultés et ambitionne, d’y instaurer rigueur, respect et convivialité.

Lausanne-Cités: Vous voilà premier citoyen de la ville. Est-ce pour vous une fierté?

Nicola Di Giulio: J’ai de la peine à me mettre en avant et à dire que je suis fier. Disons que s’il y a fierté, elle est pour mes parents, mon père saisonnier arrivé d’Italie en 1957 et mère allemande qui était nounou, les deux d’ailleurs naturalisés par Jean-Pascal Delamuraz. Cela donne un peu le sentiment que ce qu’ils ont construit à force de travail, un mot important pour moi, n’était pas vain.

Comment se sont passés vos premiers pas en tant que président du Conseil communal?

Je suis en fonctions depuis le 29 juin dernier et dès mon assermentation par le préfet, il a déjà fallu gérer les nominations en commissions, gérer les préparations des séances du bureau qui lui-même prépare celles du conseil communal etc… Ça a donc démarré très fort et j’ai même dû demander à la Ville une augmentation de la capacité de ma boite e-mail tellement je reçois de messages.

Pourquoi autant de messages si vite?

Cette année, le conseil communal a été profondément renouvelé avec 46 nouveaux élus, dont beaucoup de femmes et de jeunes, d’ailleurs. Comme il y a pas mal de novices, je reçois logiquement beaucoup de sollicitations. Et comme j’ai toujours été quelqu’un qui fait par lui-même, il m’a bien fallu apprendre à déléguer (rires).

Quel conseil la présidente sortante, la socialiste Tran Nhu, vous a-t-elle donné en vous passant le flambeau?

A cause du covid, elle a été très frustrée ne de pas avoir pu faire son travail de représentation. Du coup, elle m’a surtout souhaité de pouvoir le faire et d’en profiter au maximum. Avec l’assouplissement des mesures, je m’y attèle et d’ailleurs j’adore ça!

 

Comme beaucoup de vos prédécesseurs, vous fixez-vous la tâche de liquider l’incroyable masse de sujets à l’ordre du jour du conseil?

Pas du tout! Aucun de mes prédécesseurs n’a réussi à le faire, le mieux est donc d’avancer sur d’autres pistes pour stabiliser le navire. Il me reste dix mois pour mettre le conseil communal sur les rails après le covid. Et je sens que les jeunes sont dans les starting-blocks pleins d’ambitions et d’idéologie, c’est très positif en termes de dynamique. Ma priorité, c’est de faire en sorte que l’on travaille pour les citoyens et que le conseil ne soit pas une foire d’empoigne ni l’école enfantine. Je veux, comme le demandait Hannah Arendt, «poser un cadre au sein duquel il est possible d’approuver les arguments de l’autre, quand ils sont valables, faire droit au point de vue de l’autre, admettre qu’il peut avoir raison sans pour autant renoncer à ses propres valeurs».

Vous avez instauré le «kawa» du président. De quoi s’agit-il?

Ce qui est important pour moi, c’est d’être disponible et de participer à créer une dynamique de groupe et faire émerger des idées. Le «kawa» du président, c’est que tous les vendredis, les conseillers communaux peuvent venir vers moi et pendant une heure discuter de manière conviviale sur tous les sujets qui concernent la vie du conseil. Dans la même logique, j’ai aussi lancé «l’enquête du président» en soumettant à chaque conseiller communal dix questions sur la manière dont il voit son rôle, les difficultés qu’il rencontre. Certains, vu que je suis un UDC, sont soulagés de découvrir que je suis participatif et pas dictatorial (rires) .

Tout de même avec vos prises de positions sur certains sujets (enfants sans papiers, drogue, humanitaire, etc), vous êtes un UDC un peu atypique…

Oui j’en suis conscient, mais toute ma famille a toujours baigné dans l’esprit du bien commun. Un de mes oncles en Allemagne était légionnaire, un autre était membre du parlement en Italie, etc… Je considère qu’être atypique c’est un plus, parce que cela me permet de parler à tout le monde. J’ai toujours été engagé en faveur de l’humain, je ne suis pas amateur d’étiquettes et pour moi, peu importe d’où viennent les bonnes idées: du reste j’ai été élu avec 90 voix alors qu’en général un président tourne en moyenne autour de 50…