«Eviter que les inégalités ne soient une fatalité»

MUNICIPALITé • Elu à la Municipalité il y a une année, le popiste David Payot gère le dicastère de l’enfance, la jeunesse et les quartiers. Interview bilan d’une année au sein de la Municipalité

  • David Payot. dr

    David Payot. dr

Dans quel état d’esprit êtes-vous, un an après votre prise de fonction?

Je reste très motivé. Au début, je sentais le même enthousiasme qu’au départ d’une course. A présent, je me sens comme dans les premiers kilomètres d’une course de fond: un rythme s’installe, la motivation reste!

Pensez-vous avoir trouvé vos marques?

En fait, il y a plusieurs métiers dans celui de Municipal: représenter son électorat et donc son parti, être membre d’un collège et être le responsable d’une direction. Les trois ont des enjeux différents, et il faut jongler avec.

A ce propos, n’avez-vous pas eu parfois l’impression de faire le grand écart comme avec l’affaire des parrainages pour les sans-papiers?

L’enjeu pour moi est de rester une personne impliquée politiquement tout en le conciliant avec l’appartenance à un collège municipal. Dans un processus politique, on peut marquer ses différences à un moment, tout en visant un engagement collectif à un autre moment. C’est ce que le marxisme appelle la dialectique; mais on peut appeler ça l’ouverture au débat. Ça peut être rude, mais c’est fertile.

Qu’avez-vous trouvé de plus difficile au cours de cette première année?

Je n’avais pas totalement anticipé les réactions suscitées par ma prise de position sur la question des parrainages. J’ai été surpris d’une part par l’ampleur de la polémique suscitée, et d’autre part par le fait qu’elle se soit individualisée autour de ma personne, alors que je pensais contribuer à un engagement commun de divers politiques et de citoyens. Le côté positif c’est que cela m’a valu un nombre inattendu de messages de solidarité.

Êtes-vous satisfait du dicastère dont vous avez la responsabilité?

Très. J’y trouve une grande cohérence autour de la politique de l’enfance et de la jeunesse, avec en plus cet accent mis sur les quartiers et la dimension de mise en valeur du lien social. L’enjeu est de répondre aux inégalités sociales et scolaires et voir quelles ressources mettre à disposition pour éviter que leur reproduction paraisse une fatalité. Les grandes orientations sont claires pour la suite de mon mandat.

Comme par exemple?

D’abord il faut développer l’accueil de jour pour que toutes les familles puissent concilier vie professionnelle et vie familiale. En étant conscient de la dimension pédagogique de cet accueil pour les familles en difficultés, comme lieu de médiation et de préparation du parcours scolaire. L’autre enjeu est clairement la durée de la transition à la sortie de l’école obligatoire pour les jeunes en recherche d’apprentissage. Nous travaillons sur des projets pilotes pour que cette période dont la durée ne cesse d’augmenter puisse déboucher sur un vrai projet professionnel pour les jeunes.

Avec le recul, qu’auriez-vous fait différemment au cours de cette année?

Un point qui pourrait être amélioré concerne la communication. Il est non seulement important d’agir, mais aussi que cette action soit connue des habitants. Par exemple, un cas d’abus dans une crèche a été relayé par la presse et plusieurs parents s’étonnaient que la Ville n’ait pas communiqué à ce sujet. Il a donc fallu indiquer les mesures qui avaient été prises et expliquer que le problème n’avait pas été annoncé pour faciliter l’enquête et protéger les victimes. Dans ce cas, la discrétion est nécessaire et ce n’est pas toujours un message facile à faire passer.

Retrouvez la semaine prochaine, l’interview de Natacha Litzistorf, en charge du logement, de l’environnement et de l’architecture.