Après «Me too», l’emballement médiatique, la dénonciation, l’indignation collective, qui ont au demeurant fait émerger un vrai débat de société - arrive comme toujours le temps de la traduction de la prise de conscience en débat politique.
A Lausanne, la Ville a très vite pris la mesure de l’enjeu et organisé dans la foulée une vaste et très remarquée campagne de sensibilisation, d’un montant de 50’000 francs et fondée sur une vidéo humoristique très réussie. Autre élément de la stratégie annoncée, permettre aux victimes de dénoncer les harcèlements subis par le biais d’un formulaire en ligne mis à disposition du public. Cette démarche qui avait suscité des interrogations sur ses modalités (anonymat ou pas) ainsi qu’un certain scepticisme quant à son éventuelle efficacité devait se concrétiser en décembre dernier.
Seulement voilà, l’affaire a pris du retard et toujours pas de formulaire en ligne en vue. Au point que la Conseillère communale Sara Gnoni s’en est inquiétée et a interpellé le Municipal Pierre-Antoine Hidlbrand sur le sujet. «Même si ce formulaire n’est pas tout à fait ce que l’on souhaitait - une application pour smartphones aurait à mon sens mieux convenu -, il aurait été bien qu’il soit mis en ligne le plus vite possible. Parce qu’il devrait permettre d’obtenir des données statistiques qui autoriseront une meilleure gestion du phénomène, comme les lieux les plus exposés, le contexte, etc. Cela étant je préfère que l’on soit un peu en retard, mais que les choses se fassent correctement.»
Formation du personnel
Interrogé, le municipal Hildbrand confirme le retard dans la mise en ligne du formulaire, qu’il promet désormais pour l’été 2019. Et d’expliquer: «Après le lancement d’une campagne de sensibilisation en partenariat avec des organisations de la prévention, de la mobilité et des milieux festifs et le Conseil des Jeunes le 30 avril 2018, la Direction de la sécurité et économie travaille actuellement à la mise en œuvre de la formation du personnel de la Police municipale lausannoise à cette problématique ainsi que de celle de la mise à disposition d’un outil de signalement en ligne à disposition des victimes et des témoins pour les manifestations non pénales du phénomène. Cette dernière mesure implique une réflexion de fond sur le statut et le traitement des données qui seront recueillies par l’administration communale par ce biais et le suivi qui en sera fait. Afin de fournir un outil qui offre une réelle plus-value aux victimes, sa mise en œuvre exige un traitement et un suivi des informations recueillies, une orientation éventuelle des personnes ainsi qu’une information et une consultation du réseau. Cela prend plus de temps que prévu».
Dans l’attente, les victimes peuvent toujours consulter un dépliant mis en ligne par la Municipalité (lausanne.ch/harcèlement) qui, entre autres informations, résume les possibilités de poursuites pénales selont les types de manifestations du harcèlement de rue.
Charaf Abdessemed
Organisée par l’Institut suisse de droit comparé, une conférence consacrée au harcèlement de rue et ouverte au public sera organisée le 6 février prochain à 18h à l’Hôtel de Ville de Lausanne.