Gros malaise chez les animateurs socioculturels de la ville

LAUSANNE • Alibi, volonté de contrôle, manque de reconnaissance... les animateurs socioculturels ne manquent pas de mots pour dénoncer les termes du rapport d’évaluation sur l’animation socioculturelle récemment publié par la Ville.

C’est un rapport qui était censé permettre d’aider à remettre l’église au milieu du village et qui ne semble pas apaiser les esprits. Car entre les animateurs socio-culturels de la FASL et la Municipalité, la défiance semble toujours de mise.

Et pourtant: rendu public la semaine dernière, le rapport d’évaluation de la politique d’animation socioculturelle de la Ville de Lausanne aurait a priori de quoi réjouir les animateurs, tant il pointe du doigt des travers qu’ils dénoncent depuis longtemps: absence de stratégie et d’outils de pilotage, confusion entre subventionnement et politique publique, manque de lisibilité de l’action de la FASL, faible coordination avec les services de la ville, bénéficiaires et habitants peu représentatifs etc. Au point d’ailleurs que les rédacteurs du rapport enjoignent à la Ville de reconnaître la FASL comme un partenaire central, indépendant, tout en préconisant à la fondation, entre autres, de «recréer un esprit de corps autour des fondamentaux de l’animation socioculturelle et (...) d’accompagner le changement».

Frustration

«La critique ne porte pas sur la question de la qualité des prestations, mais plutôt sur la problématique du pilotage de la FASL, observe le Municipal David Payot, en charge des quartiers. L’enjeu à venir sera donc de chercher une définition commune du travail de l’animation socioculturelle et des besoins auxquels il répond». Avant de concéder: «Ce rapport traduit aussi l’expression d’une certaine frustration puisque le travail est bien fait mais peut-être pas suffisamment reconnu.»

La frustration en tout cas, semble bel et bien appelée à persister. Tous les témoignages - systématiquement anonymes - recueillis auprès d’un certain nombre d’animateurs socioculturels, sur les quelque 80 que gère la FASL, le confirment. «Les recommandations du rapport sont loin d’être satisfaisantes observe l’un, et nous avons surtout l’impression d’avoir servi d’alibi à celles-ci, car on a pris soin de ne pas nous laisser les ramener vers la base.»

«Pourquoi nous a-t-il fallu des mois pour obtenir la publication de ce rapport? s’insurge une autre, qui ajoute: cela fait des années que nous vivons de plus en plus de normes, de pressions, et ce texte préfigure à notre sens une plus grande envie de contrôle de la part de la Ville, qui au passage veille à ne surtout pas nous consulter pour le préavis qu’elle est en train de préparer».

Même son de cloche de la part d’un de ses collègues, 20 ans de métier au compteur tout de même et qui ne cache pas son amertume: «On nous dit simplement qu’il faut obéir sans discuter et nous contenter de faire plus avec les mêmes moyens. Or nous aimerions avoir notre mot à dire. J’ai beaucoup de mal avec ça, d’autant que mon rôle d’animateur est justement d’amener les gens à s’émanciper».

Une autre animatrice enfin, soulève une question lancinante: «Pourquoi la Ville a-t-elle ouvert la création d’un poste de coordinateur des quartiers, alors qu’elle n’a même pas encore posé le préavis au Conseil communal? s’interroge-t-elle. N’est-ce pas là la preuve d’une volonté de mainmise? »

Selon nos informations, la création de ce poste a d’ailleurs été vécue comme un casus belli par les animateurs socioculturels, qui se seraient fendu d’un courrier indigné au près du Conseil de la fondation. D’autres mesures de protestation seraient d’ailleurs envisagées.