Identité numérique des enfants: des élus s’interrogent

PRÉVENTION • La Municipalité a répondu récemment à une interpellation concernant la politique communale en matière de protection des données des enfants, et sur son rôle de sensibilisation à l’égard des parents.

  •  123 RF

    123 RF

Qui d’entre nous n’a jamais vu passer de photos de bambins en masse sur les réseaux sociaux? C’est face à ce constat inquiétant, selon l’ancien conseiller communal Nicolas Tripet, que lui et l’élu PLR Henri Klunge, ont déposé une interpellation en octobre dernier à propos de l’identité numérique de nos enfants. «De jeunes parents façonnent inconsciemment l’identité de leurs enfants sur internet, écrivent-ils. Une fois adultes, ces enfants auront une vie numérique non-maîtrisée, de laquelle il sera difficile de se défaire.»

Un rôle de prévention

La Ville de Lausanne organise ou prend part régulièrement à des campagnes de prévention et d’éducation aux écrans auprès des jeunes. Mais «les parents pauvres de cette sensibilisation sont… les parents!», estime Nicolas Tripet. Les interpellateurs se disent «déçus de l’absence de volets leur étant destinés». Mais quel rôle exactement peut jouer une Municipalité quand il s’agit d’expliquer aux parents ce qu’ils peuvent publier sur internet, sans tomber dans l’ingérence? «Cette sensibilisation s’intègre dans le rôle de prévention que peut avoir une Ville, estime Tiziana Bellucci, directrice générale d’Action Innocence - partenaire de l’action de prévention “Ecran total”, repoussée à 2021. Il est important d’encourager les parents, et la population en général, à se montrer responsable lorsqu’ils publient une image en ligne. Il ne s’agit pas d’interdire, mais de pousser la réflexion.»

Des circulaires lacunaires?

Pour Nicolas Tripet, «la Ville de Lausanne pourrait amener cette thématique à destination des parents au sein des campagnes auxquelles elle participe.» La réponse à l’interpellation mentionne qu’il n’est pas prévu d’orienter une campagne à l’attention spécifique des parents. Cependant, David Payot, municipal en charge de l’enfance et de la jeunesse, se défend de ne pas vouloir les inclure. «Nos campagnes ont toujours comporté des événements qui puissent rassembler parents et enfants, même si elles ont en priorité visé la responsabilisation des jeunes à leur usage des écrans. Mais nous pourrions à l’avenir organiser un événement sur l’identité numérique et nous adresser aux parents.»

Concernant sa propre politique en la matière, la Ville a répondu en expliquant par exemple que, dans ses structures de garde, une demande d’autorisation pour la prise de photos était faite aux parents en début d’année et que leur usage était réservé à l’interne. La même chose est par ailleurs faite par les établissements scolaires lausannois. Cependant, Nicolas Tripet considère ces circulaires comme très lacunaires. «Finalement, on ne sait pas très bien ce que signifie un «usage interne» ou des besoins pédagogiques»… Par ailleurs, quand des photos sont transmises aux parents par WhatsApp, on ne sait pas jusqu’où elles peuvent voyager. Notre but est de protéger au maximum l’identité numérique des enfants.» C’est pourquoi Henri Klunge envisage d’ores et déjà de déposer un postulat qui demanderait à la Municipalité une réflexion approfondie en la matière, avec des lignes directrices claires. Joëlle Misson