Comme chaque année à pareille époque, les chiffres de l’administration fédérale des contributions sont tombés. Et comme chaque année, ils pointent du doigt une spécificité lausannoise. Car dans la capitale du canton, le contribuable est plutôt... bien ponctionné! Selon les chiffres disponibles en effet, pour 100’000 francs de revenus annuels, un célibataire lausannois s’acquittera au titre des impôts - cantonal et communal - de 16’000 francs d’impôts, tandis que pour le même revenu un couple avec 2 enfants n’en paiera qu’environ 9000.
Mais c’est avec d’autres villes romandes que le différentiel est le plus frappant. Au lieu des 9000 francs vaudois, une famille fribourgeoise ne paiera que 6500 francs, une zurichoise 4700 francs, la palme revenant à Genève où la même famille n’aurait eu que... 25oo francs à payer. Pour des revenus supérieurs à 150’000 francs, la différence est en revanche moins flagrante.
Mais qu’importe! Avec deux enfants et habitant à Lausanne, un couple de la classe moyenne passe incontestablement à la caisse. De là à dire que Lausanne taxe méchamment sa classe moyenne, il y a un pas à ne pas franchir. Ce qui fait bondir Florence Germond, la municipale lausannoise en charge des finances. Et pour cause, si les Lausannois sont bel et bien taxés, la cause n’en revient pas à la Ville.
Législation cantonale
«La charge fiscale globale des Vaudoises et Vaudois dépend essentiellement de la législation fiscale cantonale, notamment en ce qui concerne la progressivité de l’impôt. La seule compétence de la commune est la fixation du taux, et non des barèmes, argumente ainsi l’Argentière lausannoise. Chaque Lausannois verse environ 70% de ses impôts au Canton (154,5 points) et environ 30% à la Ville (79 points) pour un total de 233.5 points d’impôts payés à Lausanne. En moyenne, le taux des autres communes s’élève à 70.2 (moyenne pondérée) pour un total d’impôt moyen de 224.7 points. La variation de la charge fiscale de Lausanne par rapport aux autres communes ne se monte ainsi qu’à 3.9 % de la facture totale d’impôt.»
Ainsi, sur les 9000 francs d’impôts payés par notre fameux couple, 3000 seulement reviendraient à la Ville de Lausanne. Alors que le même couple paierait à la Ville de Zurich la somme de 2554 francs et 6500 à celle de Fribourg qui perçoivent elles respectivement 54 et 45 % de l’impôt. «On constate que si la fiscalité totale est plus faible à Fribourg et Zurich, la part reversée à leurs communes est proche des montants que la Ville de Lausanne touche, constate Florence Germond. La marge (d’imposition) n’existe vraisemblablement donc pas au niveau communal.»
«Retravailler la répartition»
En clair, si l’impôt est si élevé à Lausanne c’est vers le canton qu’il faut se tourner. «Cette situation met en lumière la problématique soulevée à de très nombreuses reprises par des représentants des communes, conclut la Municipale en charge des finances. La part de l’argent des contribuables qui est reversée aux communes est insuffisante et il faut travailler sur une répartition des recettes fiscales plus équitable entre le canton et les communes, comme cela se fait dans d’autres cantons».