La pandémie met en difficulté le financement du tourisme

RÉGION LAUSANNOISE • Le Fonds d’équipement pour la région lausannoise a vu ses recettes baisser de 40% en 2020, suite à la baisse des nuitées. Les 8 communes partenaires ont mis 1,2 millions pour lui venir en aide, dont 1 million pour la seule Ville de Lausanne.

  • En raison de la baisse des nuitées, Lausanne Tourisme a vu son financement amputé de 800’000 francs. 123 RF

    En raison de la baisse des nuitées, Lausanne Tourisme a vu son financement amputé de 800’000 francs. 123 RF

La pandémie de Covid-19 n’en finit pas de déployer ses effets délétères sur l’économie. Alors que la semaine dernière, restaurateurs et hôteliers lausannois dénonçaient avec vigueur son augmentation annoncée depuis des années pour financer Beaulieu (lire notre édition du 28 avril), la problématique de la taxe de séjour illustre à souhait la fragilité de la mécanique subtile sur laquelle repose le financement du monde du tourisme et de l’hôtellerie.

Et pour cause: selon un règlement intercommunal regroupant 8 communes de la région dont Lausanne, les hôtes de passage ou en séjour dans une des communes sont soumis au paiement d’une taxe de séjour, de l’ordre de quelques francs par personne et par nuitée et dont les hôteliers doivent assurer la perception. Comme le dénoncent les hôteliers, toute augmentation de celle-ci se traduit donc par une baisse de l’attractivité hôtelière, à un moment où celle-ci est très sérieusement mise à mal par la pandémie.

Jusqu’à présent, cette taxe de séjour servait à financer le tourisme de la région via le FERL, le Fonds d’équipement touristique pour la région lausannoise, qui soutient de nombreux projets de promotion.

Lausanne Tourisme impacté

Or celui-ci, toujours à la faveur de la pandémie, connaît d’ores et déjà de sérieuses difficultés, puisque ses recettes ont diminué de… 40% en 2020, en raison de l’annulation ou au report de nombreuses manifestations. Ainsi, pour Lausanne Tourisme, financée par le FERL, la perte s’élève à 800-850’000 francs en 2020, soit 10% de son budget annuel.

«En 2020, le montant total affecté aux projets soutenus par le FERL a certes diminué mais cette situation est surtout due à l’annulation ou au report de nombreuses manifestations, tempère Fabrice Bernard, le secrétaire du FERL. Si les montants correspondants ont été garantis pour l’année suivante, en ce qui concerne les événements reportés, malheureusement d’autres manifestations ont dû être purement et simplement annulées, limitant par la force des choses certaines dépenses du FERL. En outre, la baisse de financement du FERL a été partiellement amortie par la diminution des frais liés à la Lausanne Transport Card qui sont fonction de la fréquentation touristique.»

Prêt remboursable sur 10 ans

Un jeu à somme nulle donc entre la baisse des recettes et celle des projets soutenus? Pas tout à fait, puisque le FERL s’est vu accorder par les communes partenaires, dont Lausanne qui à elle seule a mis 1 million sur la table, un prêt sans intérêt de 1,2 millions de francs, remboursable en dix ans. «Ces moyens permettront d’accompagner le secteur du tourisme, en particulier les hôteliers lausannois, de façon rapide et conséquente dès que la reprise se fera sentir», se réjouit Fabrice Bernard. Sauf que la reprise n’est peut-être pas pour demain. «L’année 2021 s’annonce comme une copie conforme de ce que l’on a vécu en 2020, et la situation pourrait être encore pire, car il n’est pas certain que cette année la période estivale soit aussi souple et favorable que l’année dernière» craint Steeve Pasche, patron de l’instance de promotion touristique de la ville.

Fabrice Bernard, le secrétaire du FERL se veut quant à lui rassurant: «A l’automne 2020, lorsqu’il s’est agi d’évaluer les perspectives financières du FERL sur les 3 prochaines années et de déterminer le financement complémentaire qui était nécessaire (le prêt donc, ndlr), nous avons établi une projection basée sur une situation inchangée en 2021 ainsi qu’un retour progressif des activités touristiques à partir de 2022. Les mesures que nous avons prises en 2020 permettront donc au FERL de jouer pleinement son rôle rapidement et dans la durée.»