«La restauration doit s’adapter!»

RESTAURATION • Âgée de 32 ans, Susan Sax est la nouvelle présidente de GastroLausanne, association faîtière des restaurateurs lausannois. Rencontre.

  • Susan Sax présidente de GastroLausanne et patronne du Vidy Lunch Café. CA

    Susan Sax présidente de GastroLausanne et patronne du Vidy Lunch Café. CA

Thierry Wegmüller, votre prédécesseur a quitté ses fonctions en court de mandat. Pourquoi vous êtes-vous engagée pour reprendre la présidence de GastroLausanne?

D’une part parce que le comité de GastroLausanne a été unanime pour m’encourager à prendre cette fonction, et d’autre part parce qu’il s’est engagé à me soutenir. Nous ferons le point tous ensemble dans deux ans et j’espère que le comité aura alors envie de me confier un mandat plein, car cela voudra dire que j’aurai fait du bon boulot.

Il n’y a pas que le soutien du comité, la fonction vous intéressait, tout de même...

Bien sûr! Je suis quelqu’un qui aime agir et j’ai vraiment envie de participer, sur un plan global, à la réussite du milieu de la restauration lausannoise. C’est un enjeu vraiment important.

Le moins que l’on puisse dire c’est que la restauration lausannoise n’est pas en grande forme...

Oui ce n’est pas un scoop de dire que c’est un milieu difficile, exigeant, astreignant et qui le sera toujours d’ailleurs. En revanche, il est clair aussi qu’il traverse la crise que connaît le milieu du commerce lausannois dans son ensemble.

Quels problèmes spécifiques connaît la restauration?

Pour moi, la première grande évolution, c’est la modification du comportement de la clientèle, en termes d’horaires et de mode de consommation. Mon restaurant est à Vidy, et est excentré au milieu d’un quartier d’affaires: on pourrait se dire qu’il n’a pas de problème en termes de fréquentation. Eh bien non, car de plus en plus de personnes choisissent de manger au bureau. C’est un exemple parmi d’autres des changements auxquels il va falloir s’adapter.

Et quels autres changements faudra-t-il affronter?

Il y a la question du rapport qualité-prix. Malgré tout ce que l’on observe sur l’importance donnée à la qualité des produits et de l’offre, je suis convaincue qu’une forte proportion de la clientèle accorde une priorité au prix, avant tout le reste. Je l’entends tous les jours dans mon restaurant.

Vous êtes une femme, jeune de surcroît. Comment comptez-vous vous imposer dans un milieu clairement plus âgé et bien plus masculin?

Ce n’est pas mon genre de m’imposer! Ce qui compte pour moi, c’est que les membres de l’association GastroLausanne soient prêts à me donner des idées et à écouter les miennes pour me guider.

Il y a le risque pour vous d’être traitée de manière condescendante, avec des commentaires du genre «Vous êtes bien gentille ma p’tite dame, mais...»

Mais ça, c’est une réalité que toutes les femmes vivent depuis toujours! Alors nous savons gérer cela, d’autant que ma génération a la chance de récolter les fruits des femmes de la génération passée et du coup nous sommes bien plus préparées que celles qui nous ont précédées. Quant à moi, à titre personnel, j’ai l’habitude d’évoluer depuis longtemps dans des milieux masculins.

En quoi la présidence Sax sera-t-elle différente de la présidence Wegmüller?

Nous sommes différents. Thierry (Wegmüller, ndlr) a opéré de grands changements dans le comité de GastroLausanne, qui est devenu plus dynamique. Moi j’ai tendance à être plus «politisée» que lui sur la scène lausannoise, plus réactive aussi peut-être.

Comment évaluez-vous les rapports qu’entretiennent les restaurateurs avec la Municipalité?

Franchement, pour l’instant, je trouve qu’il y a une équipe qui travaille bien avec les restaurateurs: les courriers et demandes de rendez-vous obtiennent des réponses rapides, même si bien sûr, il y a des améliorations à apporter en matière de bureaucratie et de procédures administratives.

Tout de même, la fin de la gratuité des parkings a provoqué un réel mécontentement chez les commerçants en général et les restaurateurs en particulier...

Pour nous c’est évident, les parkings doivent rester en libre accès comme ils l’étaient, même si malheureusement nous n’avons pas obtenu gain de cause en ce domaine.

Propos recueillis par Charaf Abdessemed