La Salle Métropole se prépare à passer en mode streaming

SPECTACLES • Pandémie oblige, les organisateurs de spectacles essaient de s’adapter pour survivre. A Lausanne, la Salle Métropole s’apprête ainsi à passer en mode streaming. Même si ce n’est pas la panacée. Explications avec Michaël Drieberg, patron de Live Music Production et gestionnaire, entre autres, de la salle de spectacles lausannoise.

  • Michaël Drieberg dans la Salle Métropole. KEYSTONE/LAURENT GILLIERON

    Michaël Drieberg dans la Salle Métropole. KEYSTONE/LAURENT GILLIERON

Lausanne Cités: Le monde de la culture et du spectacle est à l’arrêt depuis de nombreux mois. Pour vous, pratiquement, financièrement, que représente cet arrêt de vos activités?

Michaël Drieberg: Depuis bientôt une année, notre Salle Métropole à Lausanne est fermée, notre festival Sion sous les étoiles est annulé, nous avons perdu 90% de notre chiffre d’affaires et tous nos employés sont en RHT, difficile d’imaginer pire scénario.

Vous luttez donc très clairement pour votre survie...

Nous pouvons continuer à nous battre, mais nous ne pourrons pas survivre sous la forme actuelle avec une deuxième année sans aucun revenu ni activité...

... et à écouter Alain Berset, la semaine dernière, on n’est de loin pas encore au bout du tunnel...

Nous suivons les annonces de tous les pays avec lesquels nous travaillons et cela ne me rend pas optimiste, c’est vrai, loin de là!

Sur cette base, peut-on dire aujourd’hui que la saison des spectacles 2021-2022, en tous cas pour ses débuts, il faut oublier?

Je crains effectivement que de janvier à septembre il n’y ait aucune activité. Pour l’automne et l’hiver, je brûle des cierges.

Une alternative semble toutefois se dessiner, c’est celle du streaming. L’offensive digitale semble décoller un peu partout. Ça pourrait être l’avenir dans votre domaine?

Le streaming ne va pas remplacer le spectacle vivant. C’est une révolution numérique complémentaire. A l’avenir l’équilibre d’un concert pourrait ne plus dépendre uniquement du nombre de spectateurs dans la salle, mais aussi des millions de spectateurs potentiels de par le monde. Je comparerais cela au sport. L’expérience d’assister à un grand événement sportif en live est incomparable, mais personne ne conteste que le même événement sportif à la télévision est indispensable et représente une expérience complémentaire. Avec le streaming vous pouvez voir le concert, mais aussi les back-stages, les répétitions, des gros plans sur les mains du guitariste, voir l’artiste juste avant et juste après le concert, etc...

Pour des résultats impressionnants tout de même. Kiss en streaming à Dubaï, c’est 300 personnes dans une salle et quelque 2 millions en streaming. A 30-40 francs le billet, ça fait quand même un peu rêver, non?

Le groupe coréen BTS a aussi vendu 700’000 billets en streaming. TomorrowLand, le grand raout electro de l’été, en a vendu plus d’un million. Vous savez le premier concert retransmis en direct à la télévision dans le monde entier, a été celui d’Elvis Presley en janvier 1973 depuis Hawaii. Ce concert a été vu par un milliard et demi de téléspectateurs. C’était l’ancêtre du streaming et cela n’a pas empêché le public d’être au rendez-vous dans les salles et en achetant ses albums.

Dans tous les cas, c’est l’avenir que vous imaginez aujourd’hui, notamment pour la Salle Métropole à Lausanne?

Pour la Salle Métropole, je le vois plutôt comme une opportunité et une chance pour des artistes moins connus qui pourraient par un simple clic, la salle étant équipée pour cela, avoir quelques centaines de personnes dans la salle mais potentiellement, et en direct, quelques milliers d’autres personnes qui les regarderont sur les téléphones, leurs tablettes numériques, leurs ordinateurs.

Qu’est-ce que cela nécessite comme changements techniques, comme innovations, comme nouvelle manière de faire?

Un gros investissement en technique, soit plusieurs centaines de milliers de francs pour des caméras automatiques, des éclairages spécifiques, des régies adaptées, des sorties numériques vers des cars régies, du très haut débit pour internet, des écrans pour voir le public qui regarde en streaming, etc. C’est juste une nouvelle manière de voir et écouter un concert, une conférence, un spectacle de dance ou encore de magie. Le public dans la salle, le public derrière ces écrans, l’artiste, tous devront s’adapter à cette technologie comme ils se sont adaptés à la disparition du disque physique.

Quand la salle sera-t-elle prête?

J’espère fin 2021 ou début 2022. Le Covid nous dicte notre rythme en ce moment.

Quelques pistes programmatiques pour les mois à venir?

Je vais vous donner mon coup de cœur pour le lieu et pour l’artiste. Avant le stade de France, SOPRANO se produira en scène centrale au stade de la Pontaise à Lausanne le 4 juin 2022. Nous avons vendu 8000 places en une semaine, deux ans en avance… vous voyez que le concert live est bien vivant et attendu!