L’amende qui suscite la colère sur les réseaux sociaux

FAIT DIVERS • Une octogénaire lausannoise qui avait l’habitude de laisser ses restes de repas pour les animaux sauvages écope de 150 francs d’amende. Une décision qui suscite incompréhension et colère sur les réseaux sociaux.

  • Les renards sont nombreux en ville et n’hésitent déjà pas à s’attaquer aux poubelles. Inutile donc de vouloir en attirer plus en leur donnant des restes. DR

    Les renards sont nombreux en ville et n’hésitent déjà pas à s’attaquer aux poubelles. Inutile donc de vouloir en attirer plus en leur donnant des restes. Crédit photo: Laurent Geslin

«Honteux!»«Si facile de piquer de l’argent à des gens sans défense.» «Amender une mamy de plus de 80 ans plutôt que de simplement l’avertir, c’est vraiment pas très classe!» Ou encore: «La Palme d’Or à cette Ville écolo-bobos qui se targue de soutenir les plus démunis.» Le moins qu’on puisse dire, c’est que la mésaventure arrivée à Blanche Demierre, une mamy lausannoise âgée de 82 ans, suscite une réelle colère, sur les réseaux sociaux, mais aussi et surtout sur l’espace «commentaire» de notre confrère 20 Minutes qui a révélé l’affaire et qui a dû temporairement fermer sa page face à l’afflux massif de remarques, souvent corrosives, à l’encontre des autorités.

150 balles d’amende

Ce qui a provoqué ce déferlement de réactions outrées? L’amende de 150 francs infligée à l’octogénaire par un agent des parcs de la Ville pour avoir déposé des restes de repas dans un buisson. «Ce n’est pas la première fois, je l’avoue», nous a-t-elle dit encore sous le choc. «Mais vous savez, moi j’ai grandi à la campagne. Chez moi, jamais on ne jetait les restes de nourriture. Quand on allait au cimetière, on prenait du pain sec pour en donner aux corbeaux. On déposait aussi les restes de repas à l’extérieur pour les renards. Je ne savais pas qu’ici c’était interdit.»

Et pourtant ça l’est effectivement. L’article 6 des «Dispositions règlementaires des espaces verts de la commune de Lausanne», qui traite de la protection de la faune et de la flore, précise en effet que les usagers doivent veiller à ne pas adopter des comportements pouvant endommager la faune et la flore et, qu’à ce titre, il est notamment interdit de «nourrir, pourchasser ou effrayer les animaux sauvages ou domestiques.»

Blanche Demierre ne remet pas en cause ce réglement. Elle admet son ignorance du réglement et affirme simplement avoir agi en toute bonne foi. «L’agent aurait pu se contenter de me donner un avertissement», tient à redire l’octogénaire qui a renoncé à faire recours en raison des frais engendrés par la procédure. «Financièrement, je ne peux tout simplement pas me le permettre.»

Une malheureuse affaire

«C’est une malheureuse affaire», souligne d’emblée Etienne Balestra, le chef du Service des parcs et domaines de la Ville (SPADOM), qui tient toutefois à rappeler le contexte de l’affaire. «Depuis quelques semaines, souligne-t-il, un de nos agents essayait de savoir qui déposait régulièrement, et de manière répréhensible, de la nourriture dans un parc du sud de la ville. Il y est passé une vingtaine de fois avant de tomber sur cette dame qui, c’est vrai, a tout de suite admis les faits.» L’agent n’aurait-il dès lors pas pu simplement l’avertir? «C’est un agent exemplaire qui a l’habitude de faire preuve de beaucoup d’humanité, mais vu la récurrence des faits, il a estimé qu’elle devait être verbalisée.» L’affaire ayant, entre temps, été traitée en Commission de police qui, elle non plus, n’a été sensible ni à son âge, ni ses moyens financiers restreints, Blanche Demierre devra donc passer à la caisse.

Pour le reste, Etienne Balestra tient à rappeler que nos repas ne sont pas adaptés aux estomacs des bêtes et que, contrairement à certaines croyances, lorsqu’on jette de la nourriture, ce sont surtout des espèces opportunistes qui en bénéficient, comme les pigeons, les rats ou encore les renards.