Lausanne écarte l’option de filets anti-suicide sur ses ponts

SUICIDES • La Municipalité ne veut pas de filets anti-suicide sur les ponts de la Ville. En cause: des coûts élevés et une efficacité toute relative. D’autant que les statistiques sont à la baisse.

  • Depuis sa rénovation en 2003, le Pont Bessières a vu drastiquement chuter le nombre de suicides. DR

    Depuis sa rénovation en 2003, le Pont Bessières a vu drastiquement chuter le nombre de suicides. DR

«Ce sont des événements aussi imprévisibles que tragiques. Mais je suis sûr que des aménagements supplémentaires permettraient d’améliorer la situation». A Berne en tout cas, les filets métalliques installés sur divers ponts de la ville en 1998 on t permis de diminuer drastiquement le nombre de suicides. Au point que San Francisco s’est même inspiré de son dispositif pour son célèbre Golden Gate.

Avec ses trois méga-ponts (Bessières, Chauderon et Grand-Pont), Lausanne n’est pas en reste en termes d’édifices élevés permettant à des malheureux de mettre fin à leurs jours. Au point que la capitale vaudoise est la troisième ville de Suisse, après Berne et Zoug à déplorer le plus de suicides depuis un lieu élevé. C’est cette situation qui a ému le conseiller communal Nicola Di Gulio à saisir la Municipalité via une interpellation déposée en février dernier.

«Les suicides sont un drame, non seulement pour ceux qui en sont victimes mais aussi pour leur entourage, qu’il s’agisse des proches ou de ceux qui assistent à l’événement, toujours traumatisés, explique-t-il. Entre 1966 et 2003, il ne s’est passé qu’une seule année sans suicide à Lausanne!»

2003 justement, est une année charnière, celle au cours de laquelle ont été lancés les travaux d’assainissement du pont Bessières. A l’époque déjà, les services communaux lausannois avaient étudié un grand nombre de solutions permettant de répondre à la problématique des suicides (on décomptait entre 1966, début de la statistique, et 2003, près de quatre suicides par an en moyenne).

Une option envisagée puis rejetée

«L’installation de filets anti-chute avait été envisagée parmi d’autres solutions explique Patrick Etournaud, chef du Service des routes et de la mobilité de la Ville. Mais elle n’a pas été retenue en son temps pour des raisons constructives et d’intégration dans le site, l’ouvrage étant classé comme monument historique d’importance cantonale». Résultat: ce sont à l’époque des barrières rehaussées et inclinées vers l’intérieur qui avaient été privilégiées, afin d’empêcher les personnes de prendre pied à l’extérieur. Avec à la clé une diminution drastique (2 tiers environ) du nombre de suicides depuis cette rénovation.

Inutiles donc les filets anti-suicide? «Leur avantage comparatif n’est pas démontré, surtout que ces dernières années très peu de suicides ont fort heureusement été déplorés» observe encore Patrick Etournaud.

Ceci d’autant que la pose de filets en plus de rehaussements, générerait des impacts visuels, constructifs et surtout budgétaires non négligeables. Ainsi, leur mise en place coûterait environ 500’000 francs à Bessières, 570’000 francs à Chauderon et près de 800’000 francs au Grand-Pont, sans préjuger des dizaines de milliers de francs annuels liés à leur entretien.