A Lausanne, l’homéopathie à dose homéopathique

En formation initiale, l’homéopathie n’est pas enseignée par la faculté de médecine de Lausanne. La formation post-grade existe bel et bien et relève du niveau suisse, alors qu’aucune étude n’a jamais prouvé l’efficacité de cette discipline.

C’est peut-être le signe d’un changement de tendance. Alors que les Suisses plébiscitent les médecines complémentaires, en 2012 le peuple acceptait une initiative demandant la prise en compte des médecines complémentaires, et qui a abouti au remboursement par la Lamal de 5 d’entre elles, y compris l’homéopathie, celle-ci commence désormais à être remise en cause. Pas en Suisse, mais chez nos voisins, où la polémique fait rage. En France, en mars dernier, plus d’une centaine de médecins et professionnels de la santé se sont fendus d’une tribune contre les tribunes alternatives, publiée dans le journal le Figaro et dans laquelle on pouvait lire: «L’homéopathie, comme les autres “médecines alternatives”, n’est en rien scientifique. Ces pratiques sont basées sur des croyances promettant une guérison miraculeuse et sans risques». En septembre dernier, c’est la faculté de médecine de Lille qui «une réflexion scientifique et pédagogique» suspendait son diplôme universitaire d’homéopathie. Et puis enfin, l’université de Vienne lui emboîtait le pas le mois dernier, en supprimant cette discipline de la liste de ses cours. Une décision saluée par l’immunologue suisse Beda Stadler qui dans le site lematin.ch, n’hésitait pas à lancer: «J’espère que d’autres unis en Suisse suivront l’exemple».

Lausanne est a priori non concernée, ce qui évite à la faculté d’avoir à trancher dans un débat qui s’annonce houleux. Officiellement l’homéopathie n’y est pas enseignée, du moins en formation initiale, en dehors d’un prudent petit enseignement global sur la médecine intégrative et complémentaire destiné à permettre au futur médecin d’explorer si la personne malade a recours à ces médecines complémentaires, en connaître les classifications, bénéfices et risques.

En formation post-graduée

«L’homéopathie n’est pas enseignée à la Faculté de biologie et de médecine de l’UNIL, ni au CHUV, observe la professeure Isabelle Decosterd, médecin adjointe au Centre d’antalgie du CHUV, qui chapeaute le CEMIC, le Centre de référence des médecines complémentaires au CHUV. L’homéopathie est une formation postgraduée, faisant, après l’obtention d’un titre de spécialiste, l’objet d’une attestation de formation complémentaire de l’Institut suisse pour la formation médicale postgraduée et continue». Une attestation délivrée après un minimum de 360 heures de formation tout de même.

Reste une question cruciale: l’efficacité de l’homoéopathie est-elle scientifiquement prouvée? Relève-t-elle de ce que l’on appelle la «médecine fondée sur les preuves», c’est-à-dire sur des études cliniques systématiques (essais contrôlés randomisés en double aveugle, méta-analyses, études transversales ou de etc).

Et là, la réponse est claire, au sein de la communauté scientifique: en plusieurs décennies, aucune étude n’a jamais permis de démontrer que l’homéopathie produisait un effet supérieur à celui d’un placebo, ces «médicaments sans principe actif» qui n’agissent que parce que la personne est persuadée d’être soignée.