A Lausanne, on vous apprend l'art de tomber de 3 mètres de haut

ENSEIGNEMENT • A Lausanne, l’Ecole lémanique d’arts et d’actions fête ses 20 ans. Le Maître d’armes Jan Fantys, son fondateur, y enseigne la cascade. Lui et ses meilleurs élèves se produiront en mai lors de l’Epic festival.

La cascade? C’est un métier et ça s’apprend à Lausanne! Jan Fantys l’enseigne au sein de l’Ecole lémanique d’arts et d’actions (ELAA) qu’il a fondée voici 20 ans et forte de 160 élèves. Nous y avons passé une soirée en immersion lors de cours dispensés à Prélaz. Fantys, 53 ans, est connu pour avoir «réglé» les cascades d’«Un ennemi qui vous veut du bien», film de Denis Rabaglia ou encore les combats et la bataille du spectacle «Solstices» de la Fête du blé et du pain 2018. Pour lui, «la cascade est une manière énergique de raconter une histoire en exécutant des actions à la perfection pour laisser le plus de place à l’émotion.»

Douze heures de travail par minute de cascade

Tomber de 3 mètres de haut, simuler des combats au couteau, à l’épée ou au sabre laser, s’affronter lors de pugilats dignes de Matrix, cracher du feu, mimer un coup de pied dans les parties de son adversaire ou lui dispenser un coup de boule... cela ne s’improvise pas. «Trois minutes de cascade peuvent représenter 36 heures de travail», estime Jan Fantys.

«La cascade est une danse dont le rythme s’impose au fil du combat. Elle invite à la fluidité corporelle mais aussi mentale…», confie pour sa part Thibault Gavin. Ce paysagiste de 27 ans aux faux airs de Porthos a découvert l’ELAA au Comptoir suisse 2009. Il a accroché et s’est lancé dans les cours d’escrime baroque, médiévale et de gladiature et y a gagné en confiance en lui.

Les meilleurs élèves ont un passé dans les sports de combat, la danse ou le parkour. «Il y ont aiguisé une maîtrise de leur corps sur laquelle on peut construire», résume Jan Fantys. Felipe Brandao vient de la Capoeira. Il avait aussi des années de parkour derrière lui, discipline qu’il enseigne désormais à l’ELAA.

Un « fan film Star Wars»

Ce soir, le Lausannois répète le combat qui constituera le point d’orgue du «fan film Star War» qu’il tourne avec Dylan Crupi. «Je suis cinéphile et le métier de l’ombre qu’est la cascade m’a toujours appelé. Jamais je n’aurais pensé le pratiquer!» Le jeune père de famille anime des soirées d’entreprise ou des anniversaires. Il a aussi eu l’heur de se faire tabasser par un vampire dans «Chimères», film d’Olivier Béguin.

Deux tiers des élèves sont des hommes. Virginie Keller s’est tournée vers l’école par fascination pour le Moyen Age. Cette bibliothécaire de 29 ans, y pratique l’escrime historique depuis 2011. Férue de fête médiévale, elle peut désormais se produire dans ce genre d’évènement. «Dans mes cours, une fille ne doit pas renier sa féminité mais reconnaître sa part d’agressivité et en jouer», relève Jan Fantys.

«Pendant une cascade en live-show, on est comme dédoublé, émerveillé d’émerveiller et nourri de cet émerveillement», résume Dylan Crupi. Les amateurs auraient pu s’en rendre compte les 16 et 17 mai à Morges lors du 9e Epic festival, dont les dates ont dû être reportées en raison de la pandémie de coronavirus. Laurent Grabet

www.fantys.org; www.epicfestival.ch