Le français comme vecteur d’intégration

ENFANCE • Le budget voté par la Ville pour favoriser l’intégration des enfants allophones permettra aux structures d’accueil de l’enfance de développer des projets de sensibilisation au français.

  •  Françoise Aubert Longchamp, éducatrice, et Yasmin Agosta, directrice de la halte-jeux Rataboum, dans le quartier des Boveresses. MISSON

    Françoise Aubert Longchamp, éducatrice, et Yasmin Agosta, directrice de la halte-jeux Rataboum, dans le quartier des Boveresses. MISSON

Lausanne est une ville cosmopolite. Selon son portrait statistique 2017, elle fait même partie des villes les plus cosmopolites du pays puisque les Suisses à Lausanne représentent 57.1% des habitants. Le reste est originaire de plus de 160 pays différents! Ce qui est un atout pour la diversité culturelle et sociale l’est en revanche moins lorsque les enfants entrent à l’école primaire sans connaissances suffisantes du français.

En réponse à un postulat, datant de 2009, de Florence Germond - qui n’était alors pas encore municipale - pour la sensibilisation au français des enfants préscolaires allophones, la Municipalité a donc décidé de faire un geste pour encourager les initiatives allant dans ce sens. Cela se traduit par un soutien principalement financier: une enveloppe de 350’000 francs jusqu’à la fin de la législature, en 2021.

Des projets déjà existants

Plusieurs lieux d’accueil, souvent situés dans des quartiers à forte population étrangère, n’ont pas attendu ces mesures pour lancer leurs propres initiatives. La garderie Zig Zag Zoug par exemple, a déjà crée, depuis 2011, le jardin d’enfants Kimal’é, dont la mission principale est d’accueillir des enfants allophones entre 3 et 4 ans, à but d’intégration. «Avec ce groupe, nos activités se concentrent beaucoup plus sur le relationnel et l’accès à l’autonomie, indique Corinne Saladin, la directrice pédagogique. Alors qu’avec les enfants de cet âge qui parlent français, les activités sont plus basées sur l’apprentissage.»

Lausanne a décidé d’apporter son aide concrète aux structures d’accueil décidant de mettre en place un accueil ciblé tel que celui de Zig Zag Zoug. L’intégration des parents est aussi encouragée, car «il arrive que les mamans ne comprennent pas un mot, et cela devient un problème lors de l’entrée à l’école», indique Yasmine Agosta, directrice de la halte-jeux Rataboum, dans le quartier des Boveresses. Là-bas, ils ont lancé en octobre dernier des cours de français destinés aux mamans, en collaboration avec le centre d’animations du quartier et l’école. Pendant l’heure de cours hebdomadaire, les enfants sont pris en charge par une éducatrice de la halte-jeux, et l’accent est aussi mis sur l’apprentissage de la langue. S’il n’y a pas eu de problème pour obtenir la rémunération de l’éducatrice durant cette heure supplémentaire, c’est en revanche un bénévole qui a été recruté pour dispenser le cours de français. Un exemple typique du genre de projet qui pourrait dès maintenant être soutenu par la Ville, au travers de l’octroi d’un budget alloué au salaire d’un professionnel de l’enseignement pour ce cours.

Sensibiliser

Y a-t-il des critères spécifiques à respecter pour se voir octroyer une enveloppe de la part de Lausanne? «A part correspondre à cet objectif de sensibilisation au français, il n’y a pas d’autres obligations», mentionne le Municipal en charge de l’enfance, David Payot. Il spécifie que les projets de longue durée sont néanmoins privilégiés, le but étant de favoriser la pérennité de ces initiatives.