«Le Plan Climat de la Ville ne sera pas facile à mettre en oeuvre»

PLAN CLIMAT • Pour le politologue René Knüsel, le Plan climat annoncé par la Municipalité relève d’une véritable ambition politique, non sans arrières-pensées électorales.

  • La Municipalité envisage la fin des véhicules thermiques sur son territoire d’ici à 2030. En médaillon, le politologue René Knüsel. 123RF

    La Municipalité envisage la fin des véhicules thermiques sur son territoire d’ici à 2030. En médaillon, le politologue René Knüsel. 123RF

Avec la publication d’un Plan climat juste avant les élections communales, la Municipalité ne fait-elle pas un excellent coup de communication politique quand on sait que la tenue de certains objectifs ne dépend pas d’elle?
La présentation d’un plan aussi ambitieux à deux mois des élections n’est certainement pas fortuite. Les édiles lausannois ont désiré rendre public ce projet avant le début de la législature. Mais il serait injuste de faire ressortir d’abord l’importance du calendrier dans ce travail qui a engagé l’ensemble de la Municipalité. Si l’enjeu électoral est évident, la part de l’engagement politique doit aussi être relevée. Les idées avancées pour tenter de concrétiser l’objectif du Plan climat sont étayées par des mesures concrètes, comme le veut toute planification digne de ce nom. Il est cependant vrai que la volonté de la Ville ne suffira pas. Mais sans elle rien ne se fera non plus. Face au Canton et à la Confédération, la détermination d’une ville comme Lausanne a un certain poids.

Ce plan n’est-il pas aussi une manière pour les Socialistes et les Verts de se marquer mutuellement au moment où ces derniers se montrent très ambitieux pour les prochaines municipales?
Ce plan émane d’une Municipalité polychrome, dans laquelle le rose domine pour l’instant. Une concurrence entre les 2 principaux partis existe, voulue par les Verts. L’enjeu électoral entre écologistes et socialistes est réel, même s’il est sans doute mineur aux yeux de ces électorats. Dans ce climat de défi partiel, l’annonce du Plan climat pourrait paradoxalement servir de programme commun à des forces qui se toisent, certes, mais ne connaissent pas d’importantes divergences sur le fond. Sans doute une manière de retravailler ensemble après les disputes électorales en quelque sorte.

Atteindre l’objectif zéro émission carbone ne vous semble-t-il pas totalement illusoire à une échéance de 10 ans, tant pour la modification du cadre légal au niveau suisse, que par exemple pour le renouvellement du parc automobile local?
Les difficultés à surmonter sont réelles. L’objectif est sans doute ambitieux. Mais il peut fédérer et mobiliser. C’est sans doute l’intention de la Municipalité. Certaines décisions ne dépendent pas uniquement des autorités locales. Un important travail de conviction devra être fait au niveau du canton et de la Confédération. Ceci dit, des décisions devront être prises aussi par ces autorités si les engagements internationaux pris par la Suisse doivent être tenus. Bannir des voitures à moteur thermique de la ville n’est pas hors de portée. Pour moi, l’enjeu est ailleurs, dans la capacité des autorités communales à offrir des alternatives réalistes, en particulier aux propriétaires de voiture à essence.

Objectif: zéro carbone en 2050

La Ville de Lausanne entend déployer une politique climatique articulée autour des objectifs suivants: zéro émission directe d’ici à 2030 dans le domaine de la mobilité et zéro émission pour l’ensemble des émissions directes au plus tard à 2050. Globalement, les émissions directes lausannoises seront réduites de 50% d’ici à 2030 et de 70% d’ici à 2040 pour atteindre zéro carbone en 2050. Mesure emblématique: le renoncement à tout véhicule thermique en ville d’ici à 2030, couplé à un net renforcement de mesures incitatives en faveur des transports publics et de la mobilité active.