Le syndicat Unia Vaud dans la tourmente

LICENCIEMENTS • Anaïs Timofte, ex-secrétaire syndicale au sein d’Unia Vaud, s’attaque à son ancien employeur. L’actuelle présidente du POP a déposé une requête auprès du tribunal des Prud’hommes pour un licenciement qu’elle juge abusif.

  • Komla Kpogli, Anaïs Timofte et Laurent Tettamenti en conférence de presse. VERISSIMO

    Komla Kpogli, Anaïs Timofte et Laurent Tettamenti en conférence de presse. VERISSIMO

Anaïs Timofte, ancienne secrétaire syndicale, a été licenciée par le syndicat Unia le 10 juin 2020. Aujourd’hui, l’actuelle présidente du POP vaudois saisit le Tribunal des Prud’hommes afin de faire reconnaître le caractère jugé abusif de son licenciement. «Ce qui m’importe, c’est la reconnaissance, et pouvoir obtenir des améliorations pour cette organisation dont le management est digne des pires multinationales», a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse le 24 juin.

Son licenciement intervient, selon ses mots, dans un contexte de «violence à l’égard du personnel syndical» et d’une «vague de burn-out, de licenciements, et de démissions». En effet, depuis 2019, Unia Vaud dénombre cinq licenciements, trois arrêts maladie, et treize démissions. Symptomatique de problèmes internes? Pas selon le secrétaire régional Arnaud Bouverat qui affirme qu’«Unia Vaud est soucieux de garantir de bonnes conditions de travail à l’ensemble de son personnel. Plusieurs améliorations sont apportées chaque année, et cette dynamique est continue.»

Des motifs flous et fluctuants

Anaïs Timofte se fait licencier tout d’abord pour «manque d’intégration dans l’équipe». Un problème dont la principale intéressée n’aurait pas eu connaissance avant que sa hiérarchie ne lui signifie son éviction. Par la suite, changement de paradigme, c’est sa participation, bien que «passive», à une séance de l’Association Romande des Travailleurs-ses de l’Installation Electrique (ART-IE) – dont les rapports avec Unia seraient conflictuels – qui a été évoquée comme motif de licenciement. Des prétextes, selon l’ancienne employée. Elle pense que les véritables raisons sont tout autres. Notamment, son soutien actif à la candidature de Komla Kpogli au poste de secrétaire régional, dont le programme relevait certains dysfonctionnements internes. En proposant à ses collègues de signer afin de promouvoir la nomination de Komla Kpogli, son attitude avait été qualifiée «d’anti-syndicale» et d’«anti-direction», pouvant même justifier un dépôt de plainte à son encontre. Mais encore, son engagement politique, et son accession au poste de présidente du POP Vaud - qui aurait «fâché» un membre de la direction - sont pour elle d’autres motifs «cachés» de licenciement, bien que l’engagement politique ne soit pas rare au sein du personnel syndical.

«Régime de peur»

Anaïs Timofte et ses anciens collègues Komla Kpogli et Laurent Tettamenti ont tous trois dénoncé, lors de la conférence de presse, un «régime de peur généralisée au sein du syndicat», un «management autocratique» et «une incapacité à accepter la diversité d’opinions» où exprimer son point de vue en assemblée du personnel peut «nous mettre sur la sellette». « Au sein d’un syndicat qui vise à défendre les intérêts des travailleurs, il est paradoxal que les valeurs défendues ne soient pas appliquées au sein de sa propre organisation», conclut Anaïs Timofte. De son côté, Unia Suisse, au travers de son responsable communication Serge Gnos, «conteste les allégations de ces ancien.ne.s collaborateurs.trices» et affirme que «les enquêtes régulières auprès du personnel ne révèlent aucun problème concernant l’atmosphère de travail.»