Françoise Piron peut parler durant des heures de l’esthétisme des poubelles. Elle n’en a pas fait sa thèse, mais elle aurait pu. Ingénieure EPFL, la conseillère communale PLR a déjà déposé plusieurs postulats incitant la Ville de Lausanne à opter pour des vide-ordures design et pratiques. Quelle ne fut donc pas sa surprise lorsqu’elle a découvert les derniers modèles installés au parc Mon Repos: «Les poubelles en demi-lunes et les tonneaux verts ont été remplacés par des modèles requin qui sont d’une laideur affligeante. De plus, il y a désormais moins d‘emplacements pour déposer ses déchets, donc il faut marcher de longues minutes avant de pouvoir se débarrasser de ses emballages ou bouteilles vides. Ce qui favorise le littering.»
Tri impossible
En effet, selon l’élue, certaines personnes n’ont pas envie de se déplacer et décident donc de laisser traîner leurs déchets sur les pelouses et le long des allées: «Je l’ai remarqué de mes propres yeux, mais j’ai aussi eu des échos d’habitants du quartier qui sont en colère contre ces nouvelles poubelles car elles favorisent les attitudes peu citoyennes.»
Autre récrimination, et pas des moindres, les modèles requin empêchent les passants de trier leurs déchets. Emballages de nourriture, bouteilles en verre, mégots de cigarette, tout finit irrémédiablement au même endroit. De quoi agacer Françoise Piron: «Je ne comprends pas pourquoi la Ville n’a pas installé un système de tri en surface, le fait de tout mélanger donne un mauvais signal, en particulier dans un parc qui accueille un grand nombre d’enfants. Cette même population que l’on vise à sensibiliser au tri, c’est aberrant! C’est pourquoi j’ai adressé une question écrite à la Municipalité afin qu’elle me donne les raisons d’un tel changement. On parle tout le temps d’écologie et quand il faut y aller concrètement, on fait tout le contraire, cela me dépasse totalement. Sans compter les divers postulats que j’ai déposés et qui ont été soigneusement ignorés!»
Pénibilité du travail réduite
Directement visée, la municipale verte Natacha Litzistorf justifie son choix: «Avec ces nouvelles infrastructures, les déchets sont récoltés mécaniquement. Le personnel de la Ville apprécie de ne plus devoir soulever manuellement les tonneaux pour les vidanger sur la camionnette. Quant à la question de l’esthétisme, elle est subjective. Le fait qu’elles soient sobres permet une meilleure intégration dans les parcs urbains, ce qui est essentiel d’un point de vue patrimonial. Par ailleurs, ces nouvelles poubelles permettent de récolter un plus grand volume de déchets.»
Quitte à faire l’impasse sur le tri? «Il n’a pas été jugé opportun de mettre des zones de tri puisqu’une offre est déjà en place sur le domaine public. En effet, pour des raisons logistiques, la Municipalité ne souhaite pas multiplier les zones de tri dans toute la ville, mais cibler les emplacements selon une stratégie bien établie.» Bien établie, mais encore floue pour certains Lausannois…