Mobilité : un sondage sans aucune garantie de fiabilité

Lancée en grande pompe par la Municipalité, l’enquête en ligne sur la mobilité des Lausannois agace de nombreux citoyens. Ils dénoncent la possibilité de voter plusieurs fois et donc de pouvoir fausser les résultats. Ce que la Ville conteste.

  • L’enquête sur la mobilité est disponible en ligne jusqu’à la fin du mois d’octobre. DR

    L’enquête sur la mobilité est disponible en ligne jusqu’à la fin du mois d’octobre. DR

«Je me demande si Lausanne n’est pas en train de devenir une république bananière! La Ville sonde ses habitants pour connaître leurs habitudes en matière de mobilité, c’est une bonne chose, mais c’est totalement délirant de leur laisser la possibilité de voter un nombre infini de fois. J’ai pu remplir le questionnaire à dix reprises, ce sondage sur Internet est tout simplement bidon!» Jacqueline*, une habitante du quartier de Beau-Séjour ne décolère pas depuis la mise en ligne de l’enquête sur la mobilité des Lausannois.

Un test qui en dit long

André Blanc, un retraité qui lutte activement contre la suppression des places de parc en ville, fait le même constat: «Ce sondage, c’est du grand n’importe quoi! Une telle démarche ne vaut absolument rien car il est très facile d’influencer les résultats en demandant à tous ses petits amis cyclistes de voter. Lors de l’étude d’impact du quartier de la Cité, le même genre de méthode contestable paraît avoir été utilisé, cela me met vraiment en colère.»

A la suite des divers témoignages reçus, nous avons voulu tester la fiabilité de l’enquête lancée à l’occasion de la Semaine de la mobilité. Les bizarreries ne manquent pas. S’il semble possible de voter plusieurs fois, ce que nous n’avons pas fait pour ne pas fausser les résultats, il est également très simple de remplir le questionnaire depuis l’étranger. A la question «Quel âge avez-vous?», si l’on affirme que l’on a 125 ans, soit trois ans de plus que le record de longévité de Jeanne Calment, le système n’y voit rien à redire. Même chose si l’on indique résider à Lausanne et travailler à Tahiti. Ou que l’on possède neuf voitures.

La Ville se défend

Autant de bizarreries qui ne troublent pas Patrick Etournaud, chef du service des routes et de la mobilité: «La Ville de Lausanne a mandaté des instituts indépendants qui ont des méthodologies éprouvées. Une méthodologie mixte est mise en place avec une première phase par Internet et une deuxième par téléphone, si besoin, pour compléter les échantillons et donner une image représentative des opinions.» Pourquoi ne pas avoir fait le choix d’une reconnaissance de l’adresse IP afin de prévenir tout risque de fraude? «L’adresse IP est une donnée personnelle à manier avec précaution et elle n’est absolument pas une garantie d’un seul vote par personne. En effet, les personnes qui souhaiteraient tricher peuvent utiliser les différents outils à leur disposition (ordinateurs, téléphones, tablettes, etc…) ou même un VPN pour cacher leur véritable adresse IP.»

Alors que sans reconnaissance de l’adresse IP, il suffit de s’armer d’un peu de patience pour pouvoir influencer massivement les résultats de cette enquête…

* identité connue de la rédaction