Pas de bonus de Noël pour les auxiliaires de la Ville

PRECARITE • La Ville de Lausanne emploie de nombreux travailleurs auxiliaires payés à l’heure ou avec un contrat temporaire. Le syndicat SUD demande un 13e salaire et une gratification exceptionnelle de fin d’année.

  • Les travailleurs de l’accueil pour enfants en milieu scolaire, ont souvent un statut d’auxiliaire. 123RF

    Les travailleurs de l’accueil pour enfants en milieu scolaire, ont souvent un statut d’auxiliaire. 123RF

D’un côté, il y a une Municipalité très largement à gauche, et dont l’équité et la justice sociale sont une valeur cardinale, et de l’autre, un grand nombre de travailleurs auxiliaires (le chiffre exact est inconnu), qui travaillent pour elle. Ce statut existe dans toutes les directions de la Ville et se traduit par des engagements à durée très limitée et/ou à taux réduit, deux caractéristiques qui cachent une réelle précarité pour ceux qui en bénéficient, véritable «lumpen prolétariat» des temps modernes.

De longue date, le syndicat SUD a fait de la réhabilitation de ces travailleurs un de ses chevaux de bataille, en vain. Le 27 novembre dernier, il est reparti à l’abordage, en envoyant un courrier à la Municipalité. «Notre syndicat demande que cette situation de précarité cesse et que toutes et tous les travailleurs/euses puissent bénéficier d’un emploi stable (...) d’un salaire permanent et (...) d’un 13 e salaire pour chacun et chacune», peut-on y lire.

Besoin d’une vision claire

Contactée, la Municipalité semble vouloir avancer sur le sujet. « La question est actuellement à l’étude. Nous avons besoin d’avoir une vision claire des auxiliaires qui recouvre des situations parfois très différentes, réagit le syndic Grégoire Junod. Cela dit, la question est sur la table et des discussions auront lieu avec les syndicats à ce sujet durant le premier semestre de l’année 2019. Et la Municipalité est ouverte à des évolutions. »

Le Municipal David Payot, qui lui aussi a été destinataire du courrier destiné à la Municipalité - son département comptant de nombreux employés concernés par ce statut, - va même plus loin: «A l’échelle de la Direction enfance, jeunesse et quartiers, il peut s’agir d’interprètes au Service de psychologie ou au Service de santé et prévention, d’employés pour les nettoyages d’été ou pour des devoirs surveillés, de patrouilleurs scolaires, de moniteurs pour les camps de vacances, ou de remplaçants dans les lieux d’accueil de jour, pré- et parascolaire», précise-t-il.

«En ce qui concerne le Service d’accueil de jour de l’enfance nous travaillons pour améliorer l’organisation des temps de travail et proposer des taux de travail plus élevés. Cela paraît un enjeu beaucoup plus important que la question du niveau de rémunération à la Ville, observe le Municipal. En outre, j’ai le plaisir d’annoncer que grâce à l’augmentation des postes prévue dans le cadre du budget 2019, tous les auxiliaires mensualisés qui remplissent les conditions pourront être titularisés». Une première bonne nouvelle donc, mais qui chez Aristides Pedraza, du syndicat SUD, ne suscite que méfiance: «Nous avons certes eu des contacts et des échanges avec la Municipalité explique-t-il. Mais pour le moment nous n’avons pas ce que nous demandions, c’est à dire une réponse écrite», lance-t-il.

Gratification en suspens

Car il reste sur la table la demande clé du syndicat: un engagement pour un futur 13e salaire et surtout une gratification dès cette fin d’année pour les travailleurs les plus précaires, même si selon nos informations, ces deux éléments ont été âprement évoqués au cours des discussions qui ont déjà eu lieu avec la Municipalité. «Pour l’heure, aucune décision n’a été prise en ce qui concerne une éventuelle gratification exceptionnelle de fin d’année», nous confirme ainsi Grégoire Junod.

Pour les travailleurs auxiliaires, la hotte du père Noël sera donc vide cet hiver.