Pédiatrie: mais que se passe-t-il aux urgences?

CHUV • Confronté à l’absence de nombreux médecins aux urgences, le service de pédiatrie du CHUV semble plongé dans la crise. L’hôpital se réorganise en attendant les renforts.

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Mais que se passe-t-il donc au service de pédiatrie du CHUV? Le 12 avril dernier, un communiqué de presse du grand hôpital vaudois annonçait une réorganisation temporaire du service, confronté aux absences de plusieurs médecins. Volontiers elliptique, le communiqué évoquait à peine le fait que c’est en réalité une crise au sein du pôle des urgences pédiatriques qui motivait cette réorganisation. Le journal Le Temps, dans son édition du 20 avril dernier, a ensuite fait état de nombreux dysfonctionnements, sur la base de témoignages anonymes émanant de médecins du service.

Un fait reste incontestable: le service des urgences pédiatriques fait en effet face à un manque de médecins qui met à mal son fonctionnement ordinaire. C’est en revanche sur les causes de ces absences que les avis divergent. Il y a en effet, et le CHUV les met volontiers en avant, des absences liées à des maladies, ou à des départs en retraite. Selon l’hôpital, trois des six médecins cadres qui travaillent habituellement aux urgences sont soit sur le point de partir à la retraite, soit en congé maladie. Une situation qui peut en effet expliquer les problèmes rencontrés aux urgences, les «absences maladies et les absences liées à la grossesse n’étant pas planifiables».

Cinq démissions

Mais les aléas liés à la santé du personnel n’expliquent pas tout. Entre l’automne 2021 et juin 2022, pas moins de cinq chefs de clinique ont ainsi démissionné, ce qui laisse entrevoir un sérieux problème de gouvernance dans un service «à l’ambiance détestable» selon les témoignages en notre possession.

Le CHUV a quant à lui lancé depuis longtemps un processus de recrutement de pédiatres, d’autant plus difficile que les spécialistes dans cette discipline se font rares en raison, entre autres, de la forte féminisation de cette spécialité où les temps partiels sont fréquents. Dès le mois d’août, un nouveau chef de service prendra ses fonctions et en juin, deux médecins cadres renforceront l’effectif des urgences.

Dans l’intervalle et pour répondre aux besoins immédiats, le service est réorganisé, des médecins pédiatres qui se consacraient aux consultations spécialisées étantdésormais affectés aux urgences.

«On peut comparer la situation aux contraintes liées au Covid: ce sont les consultations non-urgentes, comme des rendez-vous de contrôle ou de suivi, qui seront quelque peu décalées. Mais les parents ne doivent avoir aucune crainte: cette mesure permet de garantir à tous les enfants du canton qu’ils reçoivent les soins dont ils ont besoin de façon sécurisée. C’est justement pour ça que nous avons mis en place cette réorganisation temporaire», explique Philippe Eckert, directeur général du CHUV.