Pistes cyclables: Le Sportif met la clé sous le paillasson

COMMERCE • L’un des derniers cafés-restaurants de la rue des Plaines-du-Loup, Le Sportif, va fermer ses portes à la fin du mois. En cause, la pandémie, mais surtout la suppression de toutes les places de parc devant l’établissement au profit de pistes cyclables.

  • Devant le café-restaurant, les pistes cyclables qui ont fait fuir la clientèle. VERISSIMO

    Devant le café-restaurant, les pistes cyclables qui ont fait fuir la clientèle. VERISSIMO

«Je suis triste de partir comme ça. Triste, écœurée et en colère. La Ville m’a tuée!» Les mots sont durs, mais reflètent bien l’état d’esprit de Verena Eichelberger. Ce dimanche 27 février, la tenancière du café-restaurant Le Sportif va définitivement fermer les portes de son établissement. Un peu plus de trois ans après son ouverture. Le cœur gros, mais résignée. Idéalement situé en bordure de route, avec des places de parc en zone bleue qui permettaient aux clients de passage ainsi qu’à nombre de ses clients fidèles de s’arrêter pour prendre un café ou manger aux heures de midi, ce café-restaurant avait pourtant tout pour plaire. Et il marchait bien. «La pandémie a été difficile à supporter, mais le coup d’assommoir a été la disparition des places de parc», raconte Verena Eichelberger. «Un beau matin, elles avaient été remplacées par des pistes cyclables et, petit à petit, ma clientèle a fondu comme neige au soleil.» En quelques mois, elle a ainsi perdu plus de 50% de son chiffre d’affaires. Impossible pour elle de continuer comme ça!

Solution bancale

Elle avait pourtant contacté la Ville pour l’aider. Cette dernière lui avait proposé une solution: aménager treize places du P+R du Vélodrome, situées à une trentaine de mètres de son établissement, en zone bleue afin que ses clients puissent y laisser leur voiture. Une solution apparemment idéale, mais qui s’est très vite avérée être bancale, ces places étant occupées majoritairement par ceux qui détiennent un abonnement au parking. Notamment aussi en raison de la présence de nombreux véhicules d’entreprise qui, du matin ou soir, œuvrent à l’édification du chantier du futur écoquartier tout proche.

Apprenant la fermeture de l’établissement, la Ville se dit sincèrement désolée: «Nous avons discuté, cherché et proposé des solutions», tient ainsi d’emblée à dire Florence Germond.

La municipale en charge de la mobilité confirme que la tenancière du Sportif avait effectivement rendu son service attentif à cette problématique peu après la mise en place de la mesure. «Mes équipes ont estimé qu’il fallait laisser un peu de temps aux gens habitués à se parquer sur ces places, dans le cadre de leur abonnement P+R, pour se rendre compte qu’elles étaient désormais en zone bleue. Sans nouvelles de la part de Mme Eichelberger, nous avons considéré que la solution avait déployé ses effets. Nous sommes désolés d’apprendre aujourd’hui que ce n’était pas le cas. Nous le signaler aurait permis de prendre des mesures complémentaires.» Une remarque qui stupéfait la tenancière du Sportif: «C’est le bouquet final! On me fait porter la responsabilité d’une tâche que les services de la Ville auraient dû eux-mêmes assurer. Ce n’est certainement pas ça qui me fera retrouver un travail!»