Impressionnés par les espaces, la lumière, les volumes… Le week-end dernier, quelque 21’000 visiteurs se sont pressés sur les 12’500m2 de surface de plancher du nouveau Musée cantonal des Beaux-Arts (MCBA), levant la tête dans le hall d’entrée impressionnant de hauteur – 17 mètres à l’intérieur, 22 en extérieur – et s’arrêtant pour photographier la vue de la verrière, vestige des anciennes halles CFF dont la plupart des composants sont d’origine (1911).
Une façade qui divise
Les mêmes mots reviennent – beau, épuré, net. «J’avais un peu peur de son aspect bunker, vu depuis les rails, avoue Rolando Pequeno Chavez, fondateur de la galerie Style25, à Lausanne. Je suis surpris en bien, les œuvres pourront respirer ici.»
Mais si certains sont aussi conquis dehors que dedans, la façade est tout de même le point qui divise. On aime ou on n’aime pas. «Bunker», «bloc de béton». Des mots récurrents pour qualifier l’enveloppe du MCBA, qui ne convainc pas tout le monde, à l’instar d’un senior, plutôt épris de classicisme. «Je ne trouve pas l’entrée accueillante et engageante. Le bâtiment n’invite pas à l’approche.» «Non, l’extérieur n’est pas beau. Il ne faut pas avoir fait des années d’architecture pour créer un rectangle comme ça», déballe un autre visiteur, une fois dehors. Avant de lancer: «Personnellement, j’aurai fait un restaurant sur le toit. Là, nous aurions pu vraiment profiter d’une vue magnifique.»
Une ombre au tableau
Cette vue, dont se targue tant le nouveau MCBA, a néanmoins été enlevée à d’autres. «C’est sûr, derrière, les habitants doivent déguster, eux qui profitaient du paysage depuis leur balcon ou terrasse. En même temps, c’est un lieu culturel, c’est quand même mieux qu’une tour», tempère Valentin. «On voyait le lac, maintenant on ne le voit plus», confirme une architecte, préférant l’anonymat. Elle a en effet son bureau dans les immeubles juste derrière le MCBA. «Le musée aurait été mieux au bord du lac à mon avis. Mais cela fait longtemps que nous savons qu’il est prévu ici, alors ça ne sert à rien de se plaindre. Le résultat final est sympa.»
En bref, les grands espaces lumineux intérieurs ont généralement conquis les Vaudois et masqué les ombres au tableau. Les absents de ce week-end découverte devront quant à eux attendre le 5 octobre pour y mettre à nouveau les pieds. D’ici là, le MCBA devra déménager les quelque 10’000 œuvres de sa collection et monter sa toute première exposition.