Prix de l'électricité à Lausanne: «Les SiL ne constituent pas une manne communale!»

ENERGIE • Trop chère, l’électricité à Lausanne? Beaucoup d’habitants le disent. «Faux!» rétorque le Municipal Jean-Yves Pidoux qui défend la politique de ses services industriels en matière de prix.

  • Jean-Yves Pidoux estime que la Ville n’exagère pas sur les tarifs de l’énergie. DR

    Jean-Yves Pidoux estime que la Ville n’exagère pas sur les tarifs de l’énergie. DR

Le 13 février, Lausanne Cités publiait un article sur les tarifs élevés de l’énergie du futur écoquartier des Plaines-du-Loup. Suite à cela, des lecteurs se sont plaints de la politique des Services industriels lausannois (SiL) en matière de prix. Jean-Yves Pidoux, municipal directeur des services industriels, nous répond sur ce thème sensible.

LausanneCités: En comparant plusieurs factures, on s’aperçoit que les SiL pratiquent souvent des tarifs plus élevés que d’autres grandes villes romandes. Pourquoi ?

Jean-Yves Pidoux: Les tarifs de l’électricité sont surveillés par le régulateur fédéral. Les prix lausannois sont analogues à ceux des autres distributeurs pour ce qui concerne l’énergie. Les tarifs liés à la distribution sont en effet un peu plus chers à Lausanne. C’est dû aux spécificités du réseau urbain. Des taxes sont prélevées sur l’électricité, pour le développement durable, les énergies renouvelables et l’éclairage public. Mais elles ont été approuvées par le Conseil communal à une écrasante majorité.

Quand et comment sont fixés ces prix?

Les tarifs, annoncés fin août pour l’année suivante, se basent sur les coûts effectifs, et incluent ni plus ni moins que le bénéfice autorisé par le régulateur fédéral. Quant aux taxes, le Conseil communal a autorisé un plafond que la Municipalité doit respecter.

L’ajout sur «l’addition» finale de quantité de taxes parfois surprenantes donne l’impression à certains habitants d’être des «vaches à lait». Que leur répondez-vous?

La plupart des communes prélèvent de telles taxes. Les faire figurer sur la facture des SiL permet une économie de moyens.

Cette manne, versée par une clientèle captive, n’est-elle finalement pas indispensable dans une ville aussi endettée que Lausanne ?

Il ne s’agit pas d’une manne, mais d’un bénéfice comme les distributeurs d’énergie en font tous. Il est rigoureusement déterminé par des règles fédérales, pour ce qui concerne les clients captifs.

 

Les investissements novateurs mais peu rentables tels que les bateaux électriques d’Ouchy ou le camion poubelle électrique en laissent plus d’un sceptique. Ces choix ne relèvent-ils pas plus de l’idéologie que de l’utile? Comment sont-ils financés?

La société Batsol, qui gérait les bateaux solaires, a disparu. Elle bénéficiait d’un soutien extérieur à la Ville. Les véhicules à gaz sont de plus en plus remplacés par des électriques. Ils sont plus chers à l’achat, mais plus économiques à l’usage. C’est le Fonds pour l’efficacité énergétique qui compense le surcoût lié à l’achat initial. C’est aussi ce fonds qui a permis d’acquérir un camion poubelle électrique, aux mérites reconnus. Les éoliennes du Chalet-à-Gobet seront financées par la société SI-REN, qui est propriété de la Ville mais se finance en dehors d’elle.

Au final, l’écoquartier des Plaines-du-Loup, semble bel et bien plutôt destiné à la classe moyenne supérieure, constituant un électorat de la Municipalité, non ?

Faux. L’écoquartier inclut, comme toutes les constructions lausannoises entreprises sous l’égide de la Ville, une part très notable de logements d’utilité publique à loyer modéré. Et puis, qu’entend-t-on par classe «moyenne supérieure»? Si ce sont les ménages gagnant plus de 150’000 francs par an, je doute fort qu’elle suffise à assurer une majorité électorale!