Quand l’EPFL s’étudie... elle-même!

CLIMAT• Des chercheurs ont analysé l’EPFL en tant que ville à part entière pour trouver des solutions ciblées qui permettront de concilier, dans un futur proche, biométéorologie et architecture.

  • En 2100, l’EPFL affichera des températures équivalentes à celles de Perugia, au centre de l’Italie. dr

    En 2100, l’EPFL affichera des températures équivalentes à celles de Perugia, au centre de l’Italie. dr

Comment les bâtiments interagissent-ils entre eux, comment s’impactent-ils? Comment l’individu se sent-il dans ces villes qui grandissent, se densifient et consomment 75% de l’énergie mondiale? Une étude menée par une chercheuse de l’EPFL apporte quelques pistes de réflexion intéressantes. Avec une originalité certaine car elle prend pour objet... l’EPFL elle-même!

Car pour comprendre comment une ville fonctionne et trouver des solutions à long terme, le campus de l’EPFL est un terrain d’expertise idéal. Vents, îlots de chaleur, ponts thermiques, surfaces asphaltées ou naturelles, microclimats, tout y est représenté pour mener une étude approfondie sur la demande énergétique des constructions en corrélation avec le ressenti humain dans l’environnement extérieur.

Bilan énergétique

Afin d’adapter l’architecture du campus aux changements climatiques et aux quelques 1,5 degré d’augmentation de la température annoncée lors de la COP 21 à Paris, la chercheuse Silvia Coccolo a débuté par un bilan énergétique de l’EPFL Elle a travaillé sur les bâtiments individuels, mais aussi sur l’impact des bâtiments entre eux. A l’avenir, les périodes estivales seront de plus en plus chaudes et les endroits construits seront plus impactés que les endroits arborisés. Silvia Coccolo a ainsi recensé des dizaines de microclimats dus à la conception urbaine et environnementale ; l’Avenue du Tir-Fédéral est un couloir à bise, le Rolex Learnig Center, avec son architecture particulière, crée des fluctuations de chaleur et des courants d’air qui se développent de manière différente. La forêt de Dorigny, très prisée en été, joue un rôle important.

Transformer les extérieurs

Résultat : Il faudra donc non seulement rénover ou concevoir des bâtiments adéquats, mais aussi transformer les extérieurs. «La végétation modère les microclimats, elle permet de bloquer le rayonnement solaire et infrarouge, l’évapotranspiration réduit la température de l’air et les végétaux procurent de l’ombre et cela change complètement notre perception thermique, précise Silvia Coccolo.

Pour parer aux chaleurs estivales qui vont aller crescendo, outre l’isolation des bâtiments, l’étude montre qu’il faudra transformer les extérieurs en réfléchissant à l’ombrage, poser des éléments de protection en fonction du rayonnement solaire, de l’orientation ou de la saison.

Pour la chercheuse, nul besoin de planter et d’arboriser à tout va, mais plutôt réfléchir aux essences qui permettront d’améliorer le confort. La densité du feuillage, la hauteur d’une plante et d’autres spécificités pourront être également prises en compte. Ainsi, il suffit par exemple de remplacer l’asphalte par du gazon pour changer drastiquement la perception thermique.